
Le salar est un endroit mythique pour tous les cyclotouristes.
Cela fait quatre ans que nous rêvons d’y rouler.

Nous sommes à Colchani, petit village vivotant de l’extraction du sel. A l’ombre d’une maison, en mangeant des sandwichs, nous devisons. Nous savons que le salar peut être très inhospitalier. Le vent peut souffler de façon très violente et la nuit la température peut atteindre les -15°. On se regarde. « On y va?» « Allez, en selle! »
Malgré nos 20 litres d’eau, les premiers tours de roue sur le salar sont faciles. Le sel est dense, roulant… et plat (chose rare en Bolivie). Nous sommes enturbannés dans nos chèches pour qu’aucun morceau de peau ne soit exposé à la morsure du soleil. La température est de 33°. Vers 17 heures, un vent de face commence à se faire sentir. Rapidement, il augmente en intensité. Malgré nos efforts, notre vitesse chute 12, 10 puis 8 km/h. Le vent souffle dorénavant par rafales violentes. Il est inutile de continuer. Nous n’atteindrons jamais ce soir l’île refuge au milieu du salar. Il va falloir camper au milieu du désert.
18h30, le soleil décline à l’horizon et la température chute. Nous nous habillons chaudement. Nous plantons la tente. « Planter » est un grand mot car malgré la pierre que nous avons pensé à apporter, les sardines ne s’enfoncent pas au delà de 2 cm (le sel est dur comme du béton). Nous renforçons les tentes en les attachant aux vélos. Simon est inquiet pour la sienne qui ploie dangereusement sous les rafales de vent. Il nous lance dépité « je vais faire du cerf volant toute la nuit ».
La température est dorénavant proche de 0°. Avec le vent violent, nous sommes frigorifiés. Nous nous réfugions dans l’abside de la tente où nous faisons chauffer la soupe. Dans mon sac de couchage, j’écoute le vacarme produit par le vent et je regarde avec inquiétude la tente qui brinquebale. Pourvu qu’elle tienne!
Le vent tombe brusquement à 3 heures du matin. A 5 heures, nous nous réveillons pour assister au lever du soleil. En sortant de la tente, nous sommes stupéfaits. Tout est calme. Nous sommes seuls sur cette immensité blanche. Les premières lueurs de l’aube apparaissent. Le spectacle est grandiose. Le soleil fait rapidement son apparition et réchauffe nos corps. Après le petit déjeuner, nous nous dirigeons vers l’île Incahuasi. Avec ses cactus et ses 2 maisons, celle-ci nous donne l’impression d’une oasis au milieu de tout ce sel. Une petite pause plus tard, nous roulons vers « l’isla pescado » éloignée de 20km. Cette dernière est complètement déserte. Nous décidons d’y camper pour prolonger la magie du salar. Nous trouvons une zone de campement probablement aménagée à l’époque des caravanes de sel. Nous sommes à l’abri du vent. Nous bivouaquons autour d’un grand feu et passons une nuit beaucoup plus calme que la précédente.


