

Le lendemain, André nous réinvite pour le petit déjeuner. Nous partons un peu tard pour la longue étape du jour. André nous avait prévenu du traffic difficile sur la route principale, nous décidons donc de prendre une petite route qui longe la rivière rouge. La route est magnifique et calme mais serpente énormément et est beaucoup plus longue qu’indiquée sur la carte. Nous roulons tranquillement au milieu des rizières et prenons des photos. A 16h15, nous sommes à un croisement. Il y a un hôtel. Devant nous la route est plus large et rapide. Il nous reste 45 kms à faire et il fait nuit à 18h15. Avec un bon rythme, nous devrions pouvoir rejoindre la ville suivante avant la nuit. Nous partons. Au bout d’une heure, l’état de la route se détériore, elle devient de plus en plus étroite et défoncée. Les montées s’enchainent, notre moyenne kilométrique chute. La route finit par s’arrêter tout à fait pour laisser place à un chemin pleins de trous. Pour couronner le tout, les distances kilométriques sont fausses . Il n’y a plus de borne depuis longtemps et les habitants interrogés nous donnent des réponses toujours plus lointaines. Lorsque la nuit tombe, il nous reste approximativement 20 kms à faire. Nous sortons les lampes frontales et les chasubles fluorescentes. La nuit est noire. Il n’y a pas d’électricité dans cette région et pas une lumière ne vient trouer l’obscurité. Le halo de ma lampe frontale me permet juste de deviner ce qu’il y a devant moi. Impossible de rouler à plus de 10 km/h. J’essaie tant bien que mal d’éviter les nombreux trous et pierres. On manque de tomber plusieurs fois. Les chiens, excités par les chasubles, nous poursuivent en aboyant. J’essaie de les repérer le premier grâce à leurs yeux qui scintillent dans l’obscurité. Nawal use de son sifflet de gendarme avec succès. Les chiens s’arrêtent nets. Devant moi deux yeux énormes. Vu la hauteur des yeux, ce doit être un chien de taille monstrueuse… non… il ne s’agit que d’un buffle. Mon imagination commence à me jouer des tours. Nous devons pousser plusieurs fois le vélo dans des passages difficiles. Nous fatiguons. Nous nous perdons dans un village et deux jeunes nous remettent gentiment sur le chemin en nous accompagnant à motocyclette. Après le passage d’un gué à pied, nous manquons notre départ et chutons. Nawal tombe sur une pierre et se fait mal (heureusement sans gravité). Les derniers kilomètres n’en finissent pas. Nous arrivons exténués à 20h45. Nous avons légèrement battu notre record de distance de 1 km (171kms) mais explosé notre record de temps (plus de 9 heures de vélo!). C’est sans conteste notre pire étape.