Présentations


"L'important n'est pas la destination, c'est le voyage" RL Stevenson


Ce site est un blog de voyage d'une famille à vélo. Il a principalement comme but de donner de nos nouvelles à notre famille et amis. Les visiteurs sont les bienvenus.

mardi 7 décembre 2010

20000 kilomètres


Beaucoup de cyclistes se donnent des buts à atteindre: aller de Anchorage à Ushuaïa, de Bangkok à Paris… Nous n’avions pas de tels objectifs. En un an, nous avons roulé sur les chemins du monde au gré de nos envies et de nos désirs en faisant fi du kilométrage et avec souvent d’énormes détours. Cependant, lorsque nous avons prévu le trajet pour les dernières semaines, nous nous sommes aperçus que nous allions arriver à un total cumulé de distance de 19700 kilomètres. Nous trouvions dommage de passer à côté du chiffre symbolique des 20000 km. Nous nous sommes arrangés pour faire un petit détour de 300 km.
Ce matin, nous sommes donc à 19970 km et je guette mon compteur pour ne pas louper le passage des 20000. Nous roulons à vive allure, heureux. 19980. 19981. Simon force l’allure pour nous suivre. 19990. 19991. Simon commence à trouver que l’on roule bien vite. 19995. 19996. 19997. 19998. 19999. Plus que quelques mètres. Pshhht, ma roue avant vacille et nous manquons de tomber. Nous avons crevé à quelques mètres des 20000 km. Est-ce un signe? Passepartout qui ne veut pas rentrer en France? Je répare la roue. Nous repartons pour faire 50 mètres. Mon compteur affiche enfin les 5 chiffres: 20000. Nous nous embrassons alors que Simon nous prend en photo. Nous sommes heureux et un peu tristes car nous savons que le passage des 20000 marque la fin de notre épopée cycliste. Nous gagnons rapidement la grande ville d’Oruro. Nous faisons le trajet Oruro-la Paz en bus. La route est peu intéressante, dangereuse et surtout nous voulons garder quelques jours à La Paz pour accomplir une dernière idée qui nous est venue en tête avant de rentrer en France.

Encore de la piste

Nous quittons le salar pour nous diriger droit sur le volcan de Tunupa. Nous retrouvons notre vieille amie la piste. Nous aimons la piste car elle est l’image même de l’aventure: un paysage quasi intact, juste traversé par un ruban de terre, parfois un simple chemin. Mais elle est aussi synonyme d’heures d’effort, de vitesse réduite et de distances allongées. Elle s’accompagne souvent de rayons cassés, de crevaisons, de voilage de roues voire de chutes. Elle nous recouvre de poussière, met à mal toutes nos articulations et nous laisse le soir en piteux état, fatigués. Pour toutes ces raisons, la piste nous l’adorons… pour mieux la haïr 100km plus loin.
Simon est maintenant bien acclimaté à l’altitude et est souvent en tête. La route est sableuse et nous devons souvent nous arrêter pour pousser le tandem. Nous trouvons en route un hôtel inespéré dans un minuscule village. Peu importe que les draps ne soient pas changés ou que la douche soit commune, nous restons de longues minutes sous l’eau chaude pour enlever les couches superposées de poussière et de crème solaire des jours précédents. Enfin, nous atteignons Challapata. C’est une grande ville mais nous avons beaucoup de mal à trouver une pension décente. Après un petit restaurant, nous nous couchons heureux: demain la route sera bitumée.

jeudi 25 novembre 2010

Le salar d’Uyuni


Le salar est un endroit mythique pour tous les cyclotouristes.
Cela fait quatre ans que nous rêvons d’y rouler. Enfin, nous y sommes. Il est là devant nous. Sa blancheur s’étend à l’horizon. Il cumule tous les superlatifs: désert le plus aride du monde, plus grande réserve de sel du monde, plus grande étendue plate du monde… Il contiendrait même 50% des réserves de lithium de la planète.
Nous sommes à Colchani, petit village vivotant de l’extraction du sel. A l’ombre d’une maison, en mangeant des sandwichs, nous devisons. Nous savons que le salar peut être très inhospitalier. Le vent peut souffler de façon très violente et la nuit la température peut atteindre les -15°. On se regarde. « On y va?» « Allez, en selle! »


Malgré nos 20 litres d’eau, les premiers tours de roue sur le salar sont faciles. Le sel est dense, roulant… et plat (chose rare en Bolivie). Nous sommes enturbannés dans nos chèches pour qu’aucun morceau de peau ne soit exposé à la morsure du soleil. La température est de 33°. Vers 17 heures, un vent de face commence à se faire sentir. Rapidement, il augmente en intensité. Malgré nos efforts, notre vitesse chute 12, 10 puis 8 km/h. Le vent souffle dorénavant par rafales violentes. Il est inutile de continuer. Nous n’atteindrons jamais ce soir l’île refuge au milieu du salar. Il va falloir camper au milieu du désert.
18h30, le soleil décline à l’horizon et la température chute. Nous nous habillons chaudement. Nous plantons la tente. « Planter » est un grand mot car malgré la pierre que nous avons pensé à apporter, les sardines ne s’enfoncent pas au delà de 2 cm (le sel est dur comme du béton). Nous renforçons les tentes en les attachant aux vélos. Simon est inquiet pour la sienne qui ploie dangereusement sous les rafales de vent. Il nous lance dépité « je vais faire du cerf volant toute la nuit ».
La température est dorénavant proche de 0°. Avec le vent violent, nous sommes frigorifiés. Nous nous réfugions dans l’abside de la tente où nous faisons chauffer la soupe. Dans mon sac de couchage, j’écoute le vacarme produit par le vent et je regarde avec inquiétude la tente qui brinquebale. Pourvu qu’elle tienne!
Le vent tombe brusquement à 3 heures du matin. A 5 heures, nous nous réveillons pour assister au lever du soleil. En sortant de la tente, nous sommes stupéfaits. Tout est calme. Nous sommes seuls sur cette immensité blanche. Les premières lueurs de l’aube apparaissent. Le spectacle est grandiose. Le soleil fait rapidement son apparition et réchauffe nos corps. Après le petit déjeuner, nous nous dirigeons vers l’île Incahuasi. Avec ses cactus et ses 2 maisons, celle-ci nous donne l’impression d’une oasis au milieu de tout ce sel. Une petite pause plus tard, nous roulons vers « l’isla pescado » éloignée de 20km. Cette dernière est complètement déserte. Nous décidons d’y camper pour prolonger la magie du salar. Nous trouvons une zone de campement probablement aménagée à l’époque des caravanes de sel. Nous sommes à l’abri du vent. Nous bivouaquons autour d’un grand feu et passons une nuit beaucoup plus calme que la précédente.

mercredi 24 novembre 2010

Potosi




Potosi est connu pour ses célèbres mines d’argent, sources de richesses européennes et de misères indiennes. Nous avions prévu de les visiter mais le repas du soir a été préjudiciable pour Nawal et moi. Nous avons passé la nuit à être malade. Simon se porte comme un charme (pourtant c’est lui le touriste de fraiche date et nous les voyageurs au long cours!)
Le matin, je veux quand même aller voir la casa de la moneda décrite dans mon guide comme le plus beau musée de Bolivie. Mal m’en a pris. Au cours de la visite guidée, je suis tellement nauséeux que je vomis dans une poubelle. L’après midi se passe au lit pour Nawal et moi. Simon visite les mines tout seul. Le lendemain, nous sommes sur pied et nous partons pour Uyuni avec plus de 1000 m de dénivelé pour le premier jour. Simon se réjouit. Il espère qu’avec nos exploits de la veille, nous serons moins en forme et qu’il ne sera plus à la traine.
La route pour Uyuni est vraiment jolie. Nous prenons plaisir à rouler dans ces superbes paysages changeant d’une vallée sur l’autre même si la route est le plus souvent une piste sableuse ou caillouteuse. Le soir, nous campons sans pouvoir nous laver alors que nous sommes couverts de poussière. Le troisième jour, alors qu’il nous reste un col à 4200m à gravir, un bolivien nous propose de faire la route à l’arrière de son camion. Nous refusons poliment. Il revient à la charge quelques minutes plus tard. Nawal dans son mauvais espagnol lui répond « no me gusta los camiones, me gusta la bicycleta ». Simon, un peu dépité, regarde partir le bolivien. Ce soir là, nous campons à plus de 4000m d’altitude en plein vent. Le lendemain, nous gagnons le col et du haut de celui-ci, nous apercevons le salar à perte de vue. Le paysage est magnifique. Nous atteignons rapidement Uyuni et pouvons enfin prendre une douche après quatre jours de trajet.

Simon



Nous roulons joyeusement vers Sucre. Simon, notre ami qui nous avait déjà rejoint au Vietnam, vient partager avec nous nos 3 dernières semaines en Bolivie. En partant, il a dit à tous les collègues et amis: « je vais chercher les deux aventuriers sinon ils ne reviendront jamais!»
Nous le retrouvons à Sucre. Son tandem est remplacé par un VTT, Emmanuelle n’ayant pu venir pour des raisons professionnelles (et dire que certains pensent que les médecins travaillent trop et que les profs sont toujours en vacances!).
Nous fêtons les retrouvailles et profitons de Sucre. Nous tombons sous le charme de la ville qui nous fait un peu penser à Arequipa au Pérou. Nous visitons les innombrables églises, les marchés et déambulons au hasard des rues. Les jours suivants, nous préparons les vélos et partons pour Potosi. Les premiers tours de roue sont difficiles pour Simon. Chargé des sacoches, son vélo se tord dans tous les sens à chaque coup de pédale. Il hérite aussitôt d’un surnom: chewmy. Nous resserrons tous les rayons ce qui améliore un peu les choses. Au bout de quelques kilomètres, Simon finit par dompter chewmy et arrête de zigzaguer au milieu de la route.
Quelques kilomètres plus loin, Simon prend même la tête du trio, lorsque deux chiens se précipitent à sa rencontre en aboyant. Il essaye de les distancer tout en leur donnant des coups de pieds et en se dirigeant droit vers le ravin. Il réchappe de justesse à la chute. Les boliviens ayant assisté à la scène éclatent de rire. Nous les imitons. Quant à Simon, il n’a pas trouvé ça drôle du tout.
Les premiers jours se déroulent tranquillement. Nous avons prévu des petites étapes de 50 km mais, Bolivie oblige, avec 1000m de dénivelé positif. Au bout de trois jours, nous atteignons Potosi

mercredi 17 novembre 2010

Teasing

Nous avons rejoint Simon à Sucre et depuis c'est à 3 que nous explorons les routes et cols de la Bolivie. Ayant un peu de retard dans l'écriture des textes, nous vous envoyons quelques photos pour vous faire patienter.







mardi 9 novembre 2010

La malédiction des crevaisons


En quittant Camargo, nous sommes interpellés par un Bolivien.
-Où allez vous comme ça?
-A Potosi.
-A Potosi! Non sans blagues! Bravo! Vous êtes courageux. Hé les amis, venez voir ces deux jeunes vont à Potosi à vélo!
Un attroupement se forme autour de nous. D’autres Boliviens nous questionnent.
-Vous allez vraiment à Potosi? Tout en vélo?
-Bah oui.
-Félicitations et surtout bon courage!
Nous savions qu’une montée de 1300m sur de la piste nous attendait mais à voir la réaction des boliviens, cela risque d’être plus difficile que prévu. Peu importe, nous avons le moral au beau fixe depuis la bonne nuit et la douche d’hier soir. Nous partons sous les encouragements.
A midi, nous avons déjà bien avancé malgré les 40°. La piste n’est pas si mauvaise que ça. Nous nous arrêtons à côté d’une maison abandonnée pour pique-niquer. En repartant je m’aperçois que des boules épineuses sont plantées dans les pneus. Nous les enlevons prudemment mais nous avons une crevaison à l’avant (le pneu est renforcé par du kevlar), 8 à l’arrière et 10 sur le pneu de la remorque (comment un aussi petit pneu peut-il avoir autant d’épines?)
Je change toutes les chambres à air, enlève toutes les épines, regonfle les 3 pneus et repars.
Le lendemain, nous déjeunons à l’ombre d’un vieux cimetière. Après le déjeuner, le pneu de la remorque est à plat. Je l’examine en pensant avoir oublié une épine la veille mais je ne trouve rien. Je le répare, le remonte,le regonfle et… pfffff. Je redémonte le pneu, réexamine le pneu, ne trouve rien, répare, remonte le pneu, regonfle….pfff. Une troisième fois, je redémonte tout pour passer plus de 20 minutes à regarder le pneu mais décidément il n’y a rien. Je remets une rustine, remonte le pneu, regonfle…. Pfff. Ce petit jeu commence vraiment à me gonfler. Je remets une rustine… pfff, une autre…pfff, encore une autre…pfff.
Nawal pense que notre présence à côté du vieux cimetière n’est pas étrangère à toutes ces crevaisons inexpliquées. Nous partons à pied pour réparer le pneu 500m plus loin. Là, je répare une nouvelle fois et miracle, cela tient. Nous pouvons enfin quitter ce lieu.

Le lendemain matin, c’est le pneu arrière du vélo qui est à plat. Je trouve dedans deux petites épines. Les épines étaient dans l’épaisseur du  pneu et les cailloux de la piste les ont fait progresser et trouer la chambre. 2 rustines plus tard, c’est réparé. Dans l’après-midi, le même pneu est étrangement sous gonflé. C’est l'une de mes réparations qui n’a pas tenue (les rustines sont tellement nombreuses sur les chambres que parfois il y a deux rustines au même endroit). Je remets des rustines mais je commence à être inquiet car je n’ai quasiment plus de colle. 3 kilomètres plus loin, le pneu est de nouveau à plat. Cette fois ci, c’est le mécanisme de la valve qui est cassé et qui fuit. Je change la chambre par une dernière chambre de secours dont je répare un trou avec ma dernière goutte de colle. Si on recrève, je n’aurais plus rien pour réparer. 5 kilomètres plus loin, le pneu avant montre des signes de faiblesse. Je nous crois vraiment maudits. Je ne peux plus réparer. Je regonfle le pneu à fond et repars. Nous faisons les 10 kilomètres nous séparant du prochain gros village en regonflant le pneu lorsque les pierres de la piste viennent taper contre la jante. Dans le village, je trouve de la colle et des rustines. J’enlève une épine du pneu avant en priant fort pour que ce soit la dernière. En 3 jours, nous avons plus crevé que pendant tout le reste du voyage. J’ai des douleurs dans les bras à force de gonfler et nous n’avons avancé que de 145 km. Et nous qui pensions mettre 3 jours pour gagner Potosi!
Mais toutes les choses ont une fin même les mauvaises. Le lendemain c’est sans une seule crevaison que nous sommes arrivés à Potosi après un ultime col à 4350m.

samedi 6 novembre 2010

De la piste

A Tupiza, nous avons fait une randonnée à cheval. Pendant deux jours, je me suis senti comme John Wayne au milieu des gorges rouges, des rios et des innombrables cactus. Le troisième jour je me suis senti en piteux état avec des douleurs aux adducteurs et aux fesses que je n’ai jamais eues même après les plus longues étapes de vélo.
Comme nous avons un peu de temps avant que Simon ne nous rejoigne à Sucre, nous décidons de faire un détour (encore un) pour gagner Potosi. Au menu, près de 500 km de pistes traversant de beaux paysages.
Le premier jour se déroule sans difficulté mais le deuxième nous plonge dans un profond canyon. Arrivés au fond, une montée de 1700m nous attend pour gagner le col situé à plus de 4000m. L’ascension est difficile. La température est de 40° et la piste est tellement mauvaise et raide que nous devons souvent pousser le vélo. Lorsqu’un camion nous croise, nous devons nous arrêter et nous coller contre la paroi rocheuse tandis qu’il frôle le ravin (pour avoir vu un camion et un bus tenter de se croiser, je sais maintenant que le plus fou n’est pas de faire du vélo en Bolivie mais bien de prendre un bus en Bolivie). Nous grimpons lentement, très lentement (5 km/h) sans arriver à nous caler dans un rythme confortable en raison de ces satanées pierres qui arrêtent les roues ou de ce damné sable qui fait patiner la roue arrière.
Le soir, épuisés, nous dormons dans un village. Le seul hébergement est un local composé de 4 lits pourris n’ayant ni eau ni toilettes.
Pour éviter la maladie de Chagas, nous poussons les lits et installons la tente à même le béton. Le lendemain, après une matinée à lutter contre le vent de face et les pierres de la piste, nous arrivons enfin devant les lagunes (la raison principale du détour). Le paysage est beau avec ses lamas et ses flamants roses mais nous sommes tellement fatigués que nous avons de la peine à en profiter.

 

Nous gagnons difficilement la petite ville d’Iscayachi. Cela fait trois jours qu’on ne s’est pas lavé et nous espérions un petit hôtel avec douche chaude mais le seul hébergement est encore une fois un local miteux sans eau. Je me dirige vers les douches publiques mais elles sont en panne. Je me résigne à me laver dans l’évier situé dans la cour. A la nuit tombée, en short, torse nu, frissonnant sous l’eau froide à 3500m d’altitude, je fais rire les enfants. C’est déjà ça!

Le lendemain, c’est avec le moral en berne que nous reprenons le vélo. Là, miracle, un bout d’asphalte apparait! Il s’ensuit une longue descente qui débouche sur une route vallonnée (et presque complètement bitumée) remontant un rio au milieu de vignobles (les vignes les plus hautes du monde?). Nous filons avec joie sur 125 km et gagnons la ville de Camargo. Cerise sur le gâteau, nous trouvons un hôtel offrant tout le confort moderne.

dimanche 24 octobre 2010

Anniversaire

Aujourd’hui, j’ai 32 ans. La journée commence bien, j’ai presque toute ma famille sur skype. Comme cadeau, j’ai la Bolivie. Elle est notre neuvième et dernier pays visité. Les formalités de frontières passées, nous entrons dans le pays. Nous traversons rapidement la ville frontière de La Quiaca pour prendre la route de Tupiza. Les changements avec l’Argentine se font vite sentir en particulier l’état des routes. Ces dernières sont des pistes plus ou moins bonnes et les rares portions de bitumes sont au niveau des zones en travaux. Les villages ne semblent guère avoir changé en 100 ans avec leurs maisons en pisé et leurs chiens qui accompagnent notre entrée d’aboiements et nous poursuivent jusqu’à la sortie du village. Le soir, nous trouvons un lieu de campement dominant toute la vallée. Au menu, pâtes à la sauce tomate. Rien d’exceptionnel mais la beauté du bivouac réside surtout dans le magnifique ciel étoilé. Je le regarde longuement  jusqu’au lever de lune qui éclipse les étoiles de son astre blanc. Le lendemain, nous arrivons de bonne heure à Tupiza. Je prends connaissance de mes mails et m’aperçois avec plaisir que beaucoup de mes anciens collègues ont pensé à mon anniversaire (facebook que j’exècre a parfois du bon).

samedi 23 octobre 2010

Derniers jours en Argentine




Salta est une ville de 700000 habitants que l’on se réjouissait d’atteindre pour se poser quelques jours. Elle est décrite dans le guide comme la ville la plus jolie du nord-ouest et est surnommée la linda (la belle). Certes la place principale arbore de beaux bâtiments coloniaux, mais le charme n’opère pas. Nous restons un jour le temps de changer des pièces de Passepartout et filons vers le nord. Nous remontons la Quebrada de Humahuaca qui nous fait progressivement passer à 2000, 3000 puis 3500m d’altitude. Les paysages typiques de l’altiplano apparaissent. Les facies changent. Finis les visages européens, les traits sont andins et tannés par le soleil. Les enfants ont les joues violettes causées par l’altitude et les femmes sont en habits traditionnels. Nous pédalons plusieurs jours sur cette jolie route parsemée de montagnes multicolores. A Abra Pampa, nous décidons de faire un détour de 130 km pour aller voir une lagune située à 3700m d’altitude. Les flamands roses y sont parait-il légions. Après une journée fatigante de vélo sur une piste poussiéreuse, nous arrivons devant la lagune. « Devant » est un peu exagéré car en fait celle-ci se situe à plus d’un kilomètre de la piste et l’on ne peut s’en approcher en raison du terrain marécageux. Nous ne pouvons donc observer les flamands roses. Nous nous consolons en bivouaquant au milieu des vigognes et des lamas. A la nuit tombée, je ne me lasse pas de regarder le ciel étoilé mais le froid me fait vite me réfugier dans mon chaud duvet. Durant la nuit, l’eau gèle dans les bidons et la condensation se transforme en givre dans la tente sans pour autant perturber notre sommeil. Le lendemain, nous gagnons le poste frontière de La Quiaca.

mercredi 20 octobre 2010

Les petits autels



Partout en Argentine, et même au milieu des déserts, se dressent des petits autels le long des routes. Ils sont surtout dédiés à 2 personnages locaux: Gauchito Gil et la Difunta Correa. Gauchito, dont les autels sont recouverts de drapeaux rouges flottant au vent, était une sorte de Robin des Bois. La Difunta Correa était une femme morte de soif dans le désert alors qu’elle essayait de rejoindre son mari pendant la guerre de 1840. Lorsqu’on a retrouvé son cadavre, son bébé était toujours vivant et tétait son sein. Ses autels sont recouverts de bouteille d’eau (afin de lui être agréable et qu’elle exauce les faveurs). Il y a quelques semaines, nous sommes passés par hasard devant le lieu où la Difunta a été retrouvée. Là, se dresse, en haut d’une butte, un grand autel. Le chemin pour y accéder est recouvert de plaques d’immatriculation de chauffeurs routiers (qui gravissent les marches à genoux). Personnellement, je préférerais qu’ils ralentissent sur la route plutôt que de s’en remettre à leur sainte.

Du vent et du sable


Nous poursuivons notre remontée vers le nord le long de la cordillère. Le vent est toujours violent et de face. Entre Hualfin et Santa Maria, nous en avons particulièrement bavé. Ce matin là,  après 3 heures de montée sur une piste sableuse, nous atteignons enfin un immense plateau situé à 2000m d’altitude. Nous pensons que le plus dur de la journée est fait. Devant nous, 70 km de route asphaltée passent au milieu d’un semi désert de sable et de petits arbustes. Le casse-croute est vite avalé et le début de la route se fait à plus de 20 km/h. Soudain apparait à l’horizon un énorme nuage jaune de sable. Celui-ci avance rapidement vers nous. Des rafales de vent commencent à se faire sentir. En dépit de nos efforts, notre vitesse chute à 11 km/h. Lorsque le nuage nous happe, le ciel disparait. Tout se fond dans une couleur jaune. Le sable nous fouette le visage et s’insinue partout. Malgré nos lunettes, des grains passent sous nos paupières tandis que nous gardons les lèvres serrées pour ne pas avoir trop de sable dans la bouche. Notre avancée est pour le moins difficile. Impossible de s’arrêter pour camper, la tente serait immédiatement arrachée. Nous devons continuer pour rejoindre le village de Santa Maria. Au bout de trois heures d’effort, nous sommes exténués. Il nous reste encore 20 km à faire. Heureusement le vent commence à se calmer et quelques morceaux de ciel bleu apparaissent. Nous finissons le trajet et entrons dans un hôtel après 7h30 de vélo. Nous avons l’air lamentable. La patronne nous accueille avec un grand sourire en nous disant qu’elle a une douche chaude pour nous. Une demi-heure passée sous la douche, des empanadas et une bonne bière nous ressuscitent.
Les jours suivants, nous quittons les semi-déserts pour entrer dans les quebradas . Ces dernières sont des gorges magnifiques où rouler à vélo est un vrai plaisir et ou y camper nous donne l’impression d’être seuls au monde.




dimanche 17 octobre 2010

Rodolfo



Nous avons rencontré Rodolfo sur la route. Cet argentin de 54 ans a fumé 3 paquets par jour pendant 30 ans et mené une vie sédentaire (boulot, dodo, télé…). Il y a 7 ans, il a brusquement décidé d’arrêter la cigarette et a commencé à faire du vélo pour « nettoyer ses poumons ». Depuis, atteint du virus cyclotouriste, il passe toutes ses vacances à parcourir son pays à vélo. Considérant son ancienne vie comme un énorme gâchis, il fourmille de projets et d’idées en se demandant s’il aura le temps de tout faire. Il voyage toujours seul et souvent en chantant.
Nous roulons beaucoup plus vite que lui mais il est plus matinal que nous. Ainsi, nous le croisons tous les jours à la pause de midi. A chaque fois, il nous accueille en levant les bras au ciel « ¡Nawal y Emmanuel, que el mondo es pequeño! » (d’un autre côté, il n’y a qu’une seule route pendant plusieurs centaines de kilomètres!). D’un tempérament jovial, il est un bon compagnon de route et nous discutons dans un mélange de mauvais anglais et d’horrible espagnol. Au bout d’une semaine, nos routes divergent. Il retourne vers Buenos Aires alors que nous poursuivons vers le nord.

vendredi 8 octobre 2010

Vallee de la luna






Nous atteignons San Augustin de la vallee fertil, véritable oasis où nous prenons plaisir à dormir dans un bon hôtel et à aller au restaurant avec une sympathique famille franco-argentine. Les jours suivants, sont consacrés à la visite de deux parcs nationaux: la vallée de la lune et Talampaya. Ces deux parcs sont classés au patrimoine mondial de l’humanité. La vallée de la lune est un témoignage géologique d’une vallée d’il y a 250 millions d’années. Il faut avoir un peu d’imagination pour se représenter une vallée équatoriale dans ce paysage lunaire où les précipitations sont de moins de 6 mm par an. Les renards et guanacos ont depuis longtemps remplacés les dinosaures. Talampaya est, quant à lui, surtout connu pour ses pétroglyphes et son extraordinaire canyon survolé par des condors. Nous gagnons le petit village de Villa Union où nous retrouvons la famille franco-argentine. Nous prenons des cours accélérés d’espagnol dispensés par deux petites têtes brunes malicieuses de 10 et 11 ans. Le soir, nous allons avec eux dans un restaurant "tenedor libre" (fourchette libre). En pratique, il s'agit d'un restaurant où la viande est à volonté. Poulet, boeuf et chevreau font mon régal. Je crois que je ne suis pas loin du kilo de viande englouti! La nuit, la digestion fut très difficile et c'est bien fatigué que j'ai repris la route le lendemain matin pour une étape de montagne (110km et 1200m de dénivelé positif) que j'ai eu du mal à finir.