Présentations


"L'important n'est pas la destination, c'est le voyage" RL Stevenson


Ce site est un blog de voyage d'une famille à vélo. Il a principalement comme but de donner de nos nouvelles à notre famille et amis. Les visiteurs sont les bienvenus.

dimanche 24 octobre 2010

Anniversaire

Aujourd’hui, j’ai 32 ans. La journée commence bien, j’ai presque toute ma famille sur skype. Comme cadeau, j’ai la Bolivie. Elle est notre neuvième et dernier pays visité. Les formalités de frontières passées, nous entrons dans le pays. Nous traversons rapidement la ville frontière de La Quiaca pour prendre la route de Tupiza. Les changements avec l’Argentine se font vite sentir en particulier l’état des routes. Ces dernières sont des pistes plus ou moins bonnes et les rares portions de bitumes sont au niveau des zones en travaux. Les villages ne semblent guère avoir changé en 100 ans avec leurs maisons en pisé et leurs chiens qui accompagnent notre entrée d’aboiements et nous poursuivent jusqu’à la sortie du village. Le soir, nous trouvons un lieu de campement dominant toute la vallée. Au menu, pâtes à la sauce tomate. Rien d’exceptionnel mais la beauté du bivouac réside surtout dans le magnifique ciel étoilé. Je le regarde longuement  jusqu’au lever de lune qui éclipse les étoiles de son astre blanc. Le lendemain, nous arrivons de bonne heure à Tupiza. Je prends connaissance de mes mails et m’aperçois avec plaisir que beaucoup de mes anciens collègues ont pensé à mon anniversaire (facebook que j’exècre a parfois du bon).

samedi 23 octobre 2010

Derniers jours en Argentine




Salta est une ville de 700000 habitants que l’on se réjouissait d’atteindre pour se poser quelques jours. Elle est décrite dans le guide comme la ville la plus jolie du nord-ouest et est surnommée la linda (la belle). Certes la place principale arbore de beaux bâtiments coloniaux, mais le charme n’opère pas. Nous restons un jour le temps de changer des pièces de Passepartout et filons vers le nord. Nous remontons la Quebrada de Humahuaca qui nous fait progressivement passer à 2000, 3000 puis 3500m d’altitude. Les paysages typiques de l’altiplano apparaissent. Les facies changent. Finis les visages européens, les traits sont andins et tannés par le soleil. Les enfants ont les joues violettes causées par l’altitude et les femmes sont en habits traditionnels. Nous pédalons plusieurs jours sur cette jolie route parsemée de montagnes multicolores. A Abra Pampa, nous décidons de faire un détour de 130 km pour aller voir une lagune située à 3700m d’altitude. Les flamands roses y sont parait-il légions. Après une journée fatigante de vélo sur une piste poussiéreuse, nous arrivons devant la lagune. « Devant » est un peu exagéré car en fait celle-ci se situe à plus d’un kilomètre de la piste et l’on ne peut s’en approcher en raison du terrain marécageux. Nous ne pouvons donc observer les flamands roses. Nous nous consolons en bivouaquant au milieu des vigognes et des lamas. A la nuit tombée, je ne me lasse pas de regarder le ciel étoilé mais le froid me fait vite me réfugier dans mon chaud duvet. Durant la nuit, l’eau gèle dans les bidons et la condensation se transforme en givre dans la tente sans pour autant perturber notre sommeil. Le lendemain, nous gagnons le poste frontière de La Quiaca.

mercredi 20 octobre 2010

Les petits autels



Partout en Argentine, et même au milieu des déserts, se dressent des petits autels le long des routes. Ils sont surtout dédiés à 2 personnages locaux: Gauchito Gil et la Difunta Correa. Gauchito, dont les autels sont recouverts de drapeaux rouges flottant au vent, était une sorte de Robin des Bois. La Difunta Correa était une femme morte de soif dans le désert alors qu’elle essayait de rejoindre son mari pendant la guerre de 1840. Lorsqu’on a retrouvé son cadavre, son bébé était toujours vivant et tétait son sein. Ses autels sont recouverts de bouteille d’eau (afin de lui être agréable et qu’elle exauce les faveurs). Il y a quelques semaines, nous sommes passés par hasard devant le lieu où la Difunta a été retrouvée. Là, se dresse, en haut d’une butte, un grand autel. Le chemin pour y accéder est recouvert de plaques d’immatriculation de chauffeurs routiers (qui gravissent les marches à genoux). Personnellement, je préférerais qu’ils ralentissent sur la route plutôt que de s’en remettre à leur sainte.

Du vent et du sable


Nous poursuivons notre remontée vers le nord le long de la cordillère. Le vent est toujours violent et de face. Entre Hualfin et Santa Maria, nous en avons particulièrement bavé. Ce matin là,  après 3 heures de montée sur une piste sableuse, nous atteignons enfin un immense plateau situé à 2000m d’altitude. Nous pensons que le plus dur de la journée est fait. Devant nous, 70 km de route asphaltée passent au milieu d’un semi désert de sable et de petits arbustes. Le casse-croute est vite avalé et le début de la route se fait à plus de 20 km/h. Soudain apparait à l’horizon un énorme nuage jaune de sable. Celui-ci avance rapidement vers nous. Des rafales de vent commencent à se faire sentir. En dépit de nos efforts, notre vitesse chute à 11 km/h. Lorsque le nuage nous happe, le ciel disparait. Tout se fond dans une couleur jaune. Le sable nous fouette le visage et s’insinue partout. Malgré nos lunettes, des grains passent sous nos paupières tandis que nous gardons les lèvres serrées pour ne pas avoir trop de sable dans la bouche. Notre avancée est pour le moins difficile. Impossible de s’arrêter pour camper, la tente serait immédiatement arrachée. Nous devons continuer pour rejoindre le village de Santa Maria. Au bout de trois heures d’effort, nous sommes exténués. Il nous reste encore 20 km à faire. Heureusement le vent commence à se calmer et quelques morceaux de ciel bleu apparaissent. Nous finissons le trajet et entrons dans un hôtel après 7h30 de vélo. Nous avons l’air lamentable. La patronne nous accueille avec un grand sourire en nous disant qu’elle a une douche chaude pour nous. Une demi-heure passée sous la douche, des empanadas et une bonne bière nous ressuscitent.
Les jours suivants, nous quittons les semi-déserts pour entrer dans les quebradas . Ces dernières sont des gorges magnifiques où rouler à vélo est un vrai plaisir et ou y camper nous donne l’impression d’être seuls au monde.




dimanche 17 octobre 2010

Rodolfo



Nous avons rencontré Rodolfo sur la route. Cet argentin de 54 ans a fumé 3 paquets par jour pendant 30 ans et mené une vie sédentaire (boulot, dodo, télé…). Il y a 7 ans, il a brusquement décidé d’arrêter la cigarette et a commencé à faire du vélo pour « nettoyer ses poumons ». Depuis, atteint du virus cyclotouriste, il passe toutes ses vacances à parcourir son pays à vélo. Considérant son ancienne vie comme un énorme gâchis, il fourmille de projets et d’idées en se demandant s’il aura le temps de tout faire. Il voyage toujours seul et souvent en chantant.
Nous roulons beaucoup plus vite que lui mais il est plus matinal que nous. Ainsi, nous le croisons tous les jours à la pause de midi. A chaque fois, il nous accueille en levant les bras au ciel « ¡Nawal y Emmanuel, que el mondo es pequeño! » (d’un autre côté, il n’y a qu’une seule route pendant plusieurs centaines de kilomètres!). D’un tempérament jovial, il est un bon compagnon de route et nous discutons dans un mélange de mauvais anglais et d’horrible espagnol. Au bout d’une semaine, nos routes divergent. Il retourne vers Buenos Aires alors que nous poursuivons vers le nord.

vendredi 8 octobre 2010

Vallee de la luna






Nous atteignons San Augustin de la vallee fertil, véritable oasis où nous prenons plaisir à dormir dans un bon hôtel et à aller au restaurant avec une sympathique famille franco-argentine. Les jours suivants, sont consacrés à la visite de deux parcs nationaux: la vallée de la lune et Talampaya. Ces deux parcs sont classés au patrimoine mondial de l’humanité. La vallée de la lune est un témoignage géologique d’une vallée d’il y a 250 millions d’années. Il faut avoir un peu d’imagination pour se représenter une vallée équatoriale dans ce paysage lunaire où les précipitations sont de moins de 6 mm par an. Les renards et guanacos ont depuis longtemps remplacés les dinosaures. Talampaya est, quant à lui, surtout connu pour ses pétroglyphes et son extraordinaire canyon survolé par des condors. Nous gagnons le petit village de Villa Union où nous retrouvons la famille franco-argentine. Nous prenons des cours accélérés d’espagnol dispensés par deux petites têtes brunes malicieuses de 10 et 11 ans. Le soir, nous allons avec eux dans un restaurant "tenedor libre" (fourchette libre). En pratique, il s'agit d'un restaurant où la viande est à volonté. Poulet, boeuf et chevreau font mon régal. Je crois que je ne suis pas loin du kilo de viande englouti! La nuit, la digestion fut très difficile et c'est bien fatigué que j'ai repris la route le lendemain matin pour une étape de montagne (110km et 1200m de dénivelé positif) que j'ai eu du mal à finir.

Le désert argentin




Nous quittons Buenos Aires par bus pour gagner Mendoza. Je remonte Passepartout et nous sortons de la ville pour rejoindre San Juan à travers 200 km de pampa. San Juan est une petite ville viticole entourée de ses nombreuses vignes. Une atmosphère détendue s’en échappe. La sieste est obligatoire entre 13h et 17h (tous les magasins sont fermés!). Nous faisons le plein de courses et d’eau et nous partons vers le nord-est. A 1300m, le climat aride devient semi-désertique, les arbres disparaissent au profit d’arbustes d’épineux et la terre se mélange au sable. La température grimpe à 35° (et nous ne sommes qu’au début du printemps!). Passepartout se transforme en chameau roulant avec ses 10 litres d’eau embarqués. Nous faisons la connaissance du vent argentin. Ce dernier, violent et trop souvent de face, rend notre progression difficile. Il allonge les distances, augmente notre effort physique et ourdit nos oreilles au point que je n’entends plus Nawal distante de moi de 70 cm. Nous luttons pour atteindre un petit 100 km de distance. Le soir, fourbus, nous campons dans ce semi-désert. A 500 m de la route, cachés par de petits arbustes, nous plantons notre tente. Nous mangeons froid pour économiser l’eau. Nous nous couchons de bonne heure. Je laisse la porte de la tente entrouverte. Depuis mon chaud duvet (la température descend sous les 5° la nuit), je regarde le ciel. A des kilomètres de toutes lumières, il est remplit d‘étoiles. Je m’endors très vite.