Derniers tours de pédales en Asie

(écrit par Nawal)
Un soir, nous dépassons un jeune chinois poussant son beau VTT tout neuf sur une côte. Ce dernier, piqué dans son honneur, remonte sur son vélo et nous rattrape. Il nous lance un sympathique hello tout en cachant mal son essoufflement. Nous engageons une discussion qui se finit dans un restaurant où il nous invite gentiment. Nous passons une soirée très agréable en sa compagnie. Le lendemain matin, il nous fait découvrir une spécialité locale, une sorte de soupe à la viande. J’adore découvrir les plats locaux, mais la soupe au petit déjeuner, je ne m’y fais toujours pas!
Nous reprenons la route et traversons des plateaux de Loess recouverts de terre rouge farineuse et parsemés de maisons troglodytiques. Très rapidement, ces paysages sont remplacés par des kilomètres de mines et d’industries. Nous sommes dans le Shanxi, bassin minier le plus important de Chine. Nous pédalons entourés de camions remplis de charbon et finissons nos journées couverts de suie! Au milieu de ces routes sans intérêt, nous faisons une rencontre amusante: un couple francomtois sur un tandem Lapierre! Ils sont au début de leur voyage, partis d’Oulan Bator, ils prévoient de rallier l’Australie.
Nous atteignons la vieille ville impériale de Pingyao, une cité fortifiée parfaitement conservée où nous flânons entre les vieux remparts.
De là, pris par le temps, nous nous résignons à rejoindre Pékin par train.

10.000 kilomètres

Au bout de 6 mois, ça y est, nous avons franchi la barre symbolique des 10.000 kilomètres à vélo. Nous sommes heureux et fiers. Dans notre prétention, nous avons l’impression d’avoir franchi un cap, de faire enfin parti des quelques vrais voyageurs à vélo: ceux qui ont plus de 5 chiffres à leur compteur. Le soir, nous décidons de fêter cela. Nous entrons dans un restaurant. Les chinois de la table d’à côté nous saluent gentiment. Comme cela nous arrive souvent, un des chinois vient à notre table avec sa bouteille d’alcool de riz pour trinquer avec moi. Il remplit deux demi verre de son alcool à 50°. Nous trinquons et buvons cul sec. Il est visiblement ravi de boire avec moi et me prend en photo. Son voisin de table arrive à son tour et me sert, ainsi qu’à lui-même, un verre rempli à ras bord. Cul sec. Un autre de ses amis vient nous rejoindre pour le même rituel. Vu qu’ils sont 12 chinois à leur table, je commence à me demander combien de verre je vais devoir avaler. Les suivants viennent trinquer à la bière ce qui m’arrange un peu. A jeun et après 123 km, l’alcool me monte vite à la tête. Après le repas, je rentre en titubant pour m’écraser sur le lit. Les 10.000 km ont été bien arrosés!

Le mot de Benjamin

Bon, j'ai gagné le droit d'écrire un petit mot sur le blog de Manu. Il faut dire que j'ai rejoint les deux sportifs à Xi’an pour quelques jours.

Nous étions super contents de nous retrouver.

Au menu, plusieurs visites dont la fameuse armée de soldats de terre cuite.

Nawal nous a choisi un hôtel sympa avec wi-fi dans le couloir. C'est une très bonne expérience pour rencontrer les gens et se faire de nouveaux amis.
J'ai pu également faire le malin en alignant fièrement mes 10 phrases de chinois devant les yeux ébahis de mon frère...et des Chinois qui ne me comprenaient qu’une fois sur deux !

J'ai eu beau demander l'autorisation de monter Passepartout, Manu a refusé de se prêter au jeu arguant avec mauvaise foi le temps pluvieux... la réalité étant bien sûr qu'il avait trop mal aux fesses!
Bref des jours heureux passés ensemble ... même si Nawal et moi , nous avons failli nous étriper (cf photo).

Xi'an et son armée de soldats de terre cuite

(écrit par Nawal)
Nous déposons les affaires à l’hôtel et filons au BSP (bureau de la sécurité publique) pour faire renouveler nos visas. Surprise .. ! le bureau a changé de place !… Nous devons traverser la ville, et arrivons juste pour la fermeture. Le lendemain matin, nous y retournons de bonne heure car nous voulons accueillir Benjamin à l’aéroport pour la fin de matinée.

A peine entrés dans le bureau des visas, nous comprenons que nous aurons affaire à une emmerdeuse : Elle prend un malin plaisir à nous faire courir d’un étage à l’autre, puis d’un bâtiment à l'autre.
Une fois que nous avons rassemblé toutes les pièces, elle nous envoie faire des photocopies puis nous renvoie nous acquitter de la somme des visas.
Juste avant de clôturer nos dossiers, elle se rend compte que les photocopies ne sont pas au bon format et qu’il faut les refaire…. ! Grrr ! J’ai envie de la mordre mais cela risquerait de compromettre notre obtention de visa.
Nous quittons ce lieu excédés et désolés de ne pas pouvoir accueillir Ben car cette petite affaire nous a pris….. toute la matinée… !
Nous le retrouvons à l’hôtel et partons à la découverte du quartier musulman. Les ruelles étroites sont jalonnées d’échoppes de bouchers, de pâtissiers, de souvenirs et de petites mosquées cachées derrière des portes en bois.
Nous y croisons des hommes coiffés d’une calotte blanche et des femmes portant des voiles colorés.
Benjamin en profite pour faire quelques emplettes en marchandant comme un arabe !
Les journées suivantes seront émaillées par de nombreuses visites dont la célèbre et magnifique armée des soldats de terre cuite, découverte en 1974 par des paysans qui creusaient un puits ! Ces milliers de soldats, grandeur nature, accompagnés de leurs chevaux veillent sur le tombeau de l’empereur Qin Shi Huang, qui unifia la Chine.
Les soirées se déroulent entre apéros, billards et jeu d'échecs.
Ces 5 jours passent trop vite.

Des montagnes pour le plaisir !

Benjamin (mon frère, en stage en Chine) va nous rejoindre à Xi’an pour quelques jours.
Je suis tellement content que j’ai hâte d’y arriver!
900 km séparent Chengdu de Xi’an.
Nous avons 9 jours pour faire ce trajet, ce qui est largement suffisant.
Nous partons donc l’esprit tranquille.

Au bout de deux jours, nous en avons assez de la route nationale qui traverse des villes sans intérêt et des banlieues sinistres.
Nous étudions la carte et remarquons une route secondaire traversant des massifs montagneux.
Nous nous engageons sur cette route, ravis de retrouver de jolis paysages et un trafic moindre.
Les banlieues moroses sont remplacées par des villages charmants et la nationale toute droite par des routes de montagnes en lacet.

Nous retrouvons un vrai plaisir à pédaler dans ces conditions.
Le seul problème réside dans les distances journalières à parcourir : Les 100 km à faire par jour se transforment par l’intermédiaire des tours et détours de la route en 130 km (1200 km au total)….
En rajoutant le dénivelé positif fréquemment supérieur à 1500 m, ce sont nos heures passées sur le vélo qui s’allongent au point que deux fois nous devons finir de nuit.
8 heures de vélo deviennent la norme et nos postérieurs deviennent marqués.
Nous ne pouvons raccourcir les étapes en raison du rendez vous avec Ben.

Nous prenons tout de même le temps de visiter Langzhou, une charmante ville chinoise qui a gardé sa vieille ville intacte.

Encore quelques jours de vélo, une remontée d’un torrent jusqu’à 1900 m d’altitude, suivie d’une descente de 90 km au milieu de profondes gorges et nous voila à Xi’an.
Nous sommes fourbus et nos fesses sont aussi rouges que celles de babouins mais nous sommes heureux de retrouver Ben.

Un peu de chiffres : tableau de notre dénivellé