Présentations


"L'important n'est pas la destination, c'est le voyage" RL Stevenson


Ce site est un blog de voyage d'une famille à vélo. Il a principalement comme but de donner de nos nouvelles à notre famille et amis. Les visiteurs sont les bienvenus.

vendredi 19 février 2010

Vientiane






Enfin nous atteignons Vientiane. L’impression qui s’en dégage est la quiétude. La circulation est fluide avec peu de voitures. Elle ne ressemble pas à une capitale mais plutôt à un petite ville de province paisiblement installée le long du Mékong. Manu avait peur qu’elle n’ait beaucoup changé depuis sa visite en 2005 mais il est vite rassuré. L’ambiance d’ancienne ville coloniale est toujours bien présente avec une douceur de vivre à la française très agréable (croissants, terrasse de café…).
Nous décidons de tout faire à pied étant donné la faible étendue de la ville. Nous visitons quelques temples, flânons le long du Mékong et aux terrasses des cafés.
(écrit par Nawal)

La boucle



Nous étions à 330 kms de Vientiane lorsque Manu me dit un matin au petit-déjeuner: « A ce rythme nous serons arrivés dans 2 jours. Que dirais-tu de faire une boucle de 300 kms à l’est du pays? Les paysages karstiques sont parait-il magnifiques. Nous n’avons pas encore fait de montagnes et cela me plairait bien. Sur la route nationale, nous filons et cela commence à manquer d’intérêt! »
Je lui réponds: « La route est à priori non bitumée, caillouteuse par endroit et puis on commence à se rapprocher du but, pourquoi rajouter des kilomètres en plus. Le nord du Laos va être suffisamment montagneux! ».
Il avait déjà planifié les étapes et regardé les points d’intérêts touristiques. Il suscite ma curiosité!
Nous plions bagages et partons faire cette boucle!
En route, nous visitons des grottes et admirons le paysage réellement magnifique. La route serpente au milieu de massifs karstiques impressionnants de hauteur et traverse de petits villages typiques. Lorsque nous nous arrêtons en milieu d’après-midi pour nous ravitailler en eau, une jeune femme demande notre destination. A notre réponse, elle éclate de rire en nous faisant comprendre que la route est extrêmement raide et que nous ne monterons pas avec tout notre barda.
Nous partons néanmoins. Nous apercevons le sujet de rigolade de cette dame. Il s’agit d’une pente de plus de 15% de moyenne. Nous n’avons jamais vu de pente comme ça auparavant (même dans les Alpes). Nous avons l’impression que les laotiens ont voulu économiser le nombre de virages et la quantité de bitume tout en dépassant le record de la route la plus raide du monde.
Nous moulinons sur le vélo pour essayer de grimper. Nous nous arrêtons au bout de 700m hors d‘haleine, poussons le vélo pendant 200m puis remontons en selle à l’assaut de cette montagne et ainsi de suite pendant 5 kms! Nous atteignons le sommet presque morts!
Le lendemain, la route est moins raide mais en très mauvais état: le bitume a cédé sa place à une mauvaise route en terre caillouteuse. Au 45 ème kilomètre, nous entendons un drôle de bruit que Manu attribue immédiatement au son de rayons cassés. 4 rayons cassés! Il essaie de réparer la roue mais la cassette est grippée et il est impossible de remplacer les rayons sans enlever celle-ci. Il va falloir trouver un autre moyen de locomotion. Nous arrêtons un pick up qui nous prend en stop avec passepartout. Je fais le reste de la route assise à côté d’un homme armé d’une kalachnikov. Je ne suis pas rassurée. Ces hommes sont néanmoins charmants et nous déposent dans la ville la plus proche à 40 kms sans rien nous demander et après nous avoir offert à boire et à manger!
Passepartout a moins apprécié le voyage et le cadre a été endommagé par les trop nombreux chocs de la route. Après quelques heures de réparation, il est prêt pour repartir.
Le lendemain, nous franchissons avec hardiesse un col et le descendons à vive allure. Nous sommes contents de nous, soulagés d’être sortis de ces montagnes et les admirons au fur et à mesure que l’on s’en éloigne.
A peine 1 heure plus tard, nous nous retrouvons devant des massifs karstiques sans trouée apparente. A mesure que l’on s’en approche, nous comprenons qsue cela va encore grimper. Nous sommes découragés d’autant que la pente est encore raide. Nous poussons le vélo dans les premiers virages. J’avoue à Manu que pour clôturer le tout nous n’avons presque plus d’eau (je suis responsable de l’eau!). Nous grimpons péniblement ce 2ème col qui offrira toutefois une vue splendide ! Un 3ème col nous attend encore ce jour là! Sur les derniers kilomètres, je suis tellement fatiguée que je tourne les jambes sans force en laissant à Manu le soin de nous mener à bon port.
(écrit par Nawal)

Les rayons de miel



A midi, nous faisons souvent une halte dans de minuscules villages. Pour déjeuner, les plats disponibles se résument généralement à une soupe de nouilles. Après le repas nous sommes en manque d’un petit dessert alors nous prenons des bananes ou des gâteaux de riz soufflé.
Un jour, un homme m’aborde. Il revient de la forêt avec sa récolte toute fraiche dans un seau. Il s’agit de rayons de miel qui se présentent sous la forme d’une grande galette de 80 cm de circonférence. Il me dit que c’est délicieux. Je me laisse tenter et lui en demande un morceau qu’il s’empresse de couper et de mettre dans un sac plastique. En prenant le sac, je m’aperçois que des asticots bougent au fond. Intrigué, je regarde de plus près et je constate que la galette n’est pas constituée de rayons de miel mais par des centaines d’alvéoles avec des larves d’abeilles. Les abeilles sont à différents stades de développement depuis le gros asticot blanc jusqu’à la petite abeille transparente. Chaque larve bouge dans son alvéole. L’homme a du lire ma perplexité sur mon visage car il éclate de rire. Il m’explique alors comment les manger. Il ouvre une alvéole avec les ongles, en sort la larve et l’avale. Il me tend le sac pour que je l’imite. Un peu réticent, j’ouvre également une alvéole. Je choisis une larve sous forme d’un asticot (au moins je suis sûr que le dard n’est pas encore formé). L’asticot bouge au bout de mes doigts. Je l’avale. Dans la bouche, la larve libère un suc proche du miel qui est plutôt bon. J’en prends une autre. Nawal me regarde horrifiée et dégoutée. Elle ne veut plus que je l’approche et n’a décidément plus faim. Après en avoir mangé une quinzaine, nous repartons. J’accroche le sac à l’arrière du vélo malgré les récriminations de Nawal qui me promet tous les maux de l’enfer si jamais elle retrouve un seul asticot dans ses affaires. Au bout d’une quinzaine de kilomètres, sous pression féminine, je me débarrasse du contenu du sac. C’est dommage, Nawal pédalait drôlement vite depuis que 200 larves gigotaient à quelques dizaines de centimètres de ses fesses.

lundi 1 février 2010

Champasak





Nous sommes allés voir l'un des temples les plus sacrés du Laos, le Wat Phu Champasak datant de l’époque d’Angkor. Nous sommes tombés en plein dans la plus grande fête annuelle du temple pour laquelle des milliers de laotiens avaient fait le déplacement. L’ambiance de kermesse, la foule, les vendeurs de toutes sortes et les hauts parleurs déversant à fond de la musique pop ou des paroles bouddhiques tranchent avec la sérénité des quatre mille îles, mais nous avons eu plaisir à nous mêler à la ferveur populaire pour aller faire brûler quelques bâtonnets d’encens dans l’enceinte sacré du temple tout en haut de la colline.
Nous avons poursuivi notre remontée du Mékong en souffrant un peu de la chaleur (plus de 40° en plein soleil) mais cela ne nous a pas empêché d’enregistrer un nouveau record: 170 kms en une étape (7h30 de vélo). A l’heure de l’apéro, Nawal, toute fraiche, a suscité la jalousie de la femme d’un Australien (couple voyageant en vélos solos ayant fait cette étape en deux jours) qui aurait bien voulu être en tandem pour aligner les kilomètres avec une telle facilité. Ce qu’elle ne sait pas c’est que Nawal fait plus que sa part du travail et a bien eu du mal à finir l’étape du lendemain de 80 kilomètres tant elle était fatiguée.

Les quatre mille îles




Nous avons récupéré Passe partout et avons quitté le Cambodge (avec un petit pincement au cœur) pour nous rendre au Laos. Les quatre milles îles sont une région du sud du Laos où le Mékong s’élargit sur plusieurs dizaines de kilomètres en laissant apparaitre des multitudes d’îles de tailles diverses. Se perdre en bateau au milieu de ces îles est particulièrement agréable. La vie s’y écoule hors du temps. Il n’y a quasiment pas de véhicules et la tranquillité est le maitre mot. Nous avons passé trois jours sur une de ces îles. J’avais prévenu Nawal que les laotiens étaient plutôt d’un tempérament calme voir flegmatique mais le caractère du propriétaire de notre guesthouse a dépassé toutes mes prévisions. Cet homme de 60 ans vit avec une économie de gestes, de mots et d’émotions accompagnée d’un éternel sourire aux lèvres. En trois jours, nous ne l’avons jamais vu dire plus de trois mots, élever la voix ou faire un mouvement rapide. Il se dégage de lui un telle sérénité qu’en sa présence nous chuchotions presque. Il représente bien l’ambiance que nous avons vécue sur ces îles.

Tentative de suicide

Nous avons donc passé quelques jours dans le Ratanakiri à aller se baigner dans un lac de cratère de volcan et à visiter de jolies cascades. Ces quelques jours ont été plutôt tranquilles mis à part une tentative de suicide de Nawal. Nous étions installés à notre habitude dans un petit restaurant. En Asie, les plats commandés arrivent toujours dès qu’ils sont prêts soit parfois avec des dizaines de minutes d’écart. Nous avons copié les habitudes locales consistant à mettre les plats en commun. Ce soir là, la serveuse pose sur la table des végétaux frits avec du riz. Au milieu du plat trône un magnifique piment rouge de 8 cm. Nous commençons à manger. Je me ressers quand quelque chose m’interpelle. Le piment rouge a disparu du plat! Je regarde Nawal qui a englouti le piment le prenant pour un petit poivron rouge. Elle passe lentement par toutes les couleurs de l’arc en ciel pour finir par un rouge écarlate. Ses yeux s’injectent de sang, elle pleure et se mouche abondamment. Sa bouche s’ouvre en tentant vainement de faire sortir un peu du feu qui lui brûle les entrailles. Elle vide d’un coup mon verre de bière et se précipite sur le riz blanc sans arriver à diminuer l’intensité de la brûlure. Je ne peux que la plaindre et lui tendre des mouchoirs. Elle en sera quitte pour quelques jours de douleurs gastriques, une prise quotidienne de smecta et d’inexium et une abstinence totale de piment et d’alcool pendant une semaine.