Présentations


"L'important n'est pas la destination, c'est le voyage" RL Stevenson


Ce site est un blog de voyage d'une famille à vélo. Il a principalement comme but de donner de nos nouvelles à notre famille et amis. Les visiteurs sont les bienvenus.

lundi 29 mars 2010

La galère



Le lendemain, André nous réinvite pour le petit déjeuner. Nous partons un peu tard pour la longue étape du jour. André nous avait prévenu du traffic difficile sur la route principale, nous décidons donc de prendre une petite route qui longe la rivière rouge. La route est magnifique et calme mais serpente énormément et est beaucoup plus longue qu’indiquée sur la carte. Nous roulons tranquillement au milieu des rizières et prenons des photos. A 16h15, nous sommes à un croisement. Il y a un hôtel. Devant nous la route est plus large et rapide. Il nous reste 45 kms à faire et il fait nuit à 18h15. Avec un bon rythme, nous devrions pouvoir rejoindre la ville suivante avant la nuit. Nous partons. Au bout d’une heure, l’état de la route se détériore, elle devient de plus en plus étroite et défoncée. Les montées s’enchainent, notre moyenne kilométrique chute. La route finit par s’arrêter tout à fait pour laisser place à un chemin pleins de trous. Pour couronner le tout, les distances kilométriques sont fausses . Il n’y a plus de borne depuis longtemps et les habitants interrogés nous donnent des réponses toujours plus lointaines. Lorsque la nuit tombe, il nous reste approximativement 20 kms à faire. Nous sortons les lampes frontales et les chasubles fluorescentes. La nuit est noire. Il n’y a pas d’électricité dans cette région et pas une lumière ne vient trouer l’obscurité. Le halo de ma lampe frontale me permet juste de deviner ce qu’il y a devant moi. Impossible de rouler à plus de 10 km/h. J’essaie tant bien que mal d’éviter les nombreux trous et pierres. On manque de tomber plusieurs fois. Les chiens, excités par les chasubles, nous poursuivent en aboyant. J’essaie de les repérer le premier grâce à leurs yeux qui scintillent dans l’obscurité. Nawal use de son sifflet de gendarme avec succès. Les chiens s’arrêtent nets. Devant moi deux yeux énormes. Vu la hauteur des yeux, ce doit être un chien de taille monstrueuse… non… il ne s’agit que d’un buffle. Mon imagination commence à me jouer des tours. Nous devons pousser plusieurs fois le vélo dans des passages difficiles. Nous fatiguons. Nous nous perdons dans un village et deux jeunes nous remettent gentiment sur le chemin en nous accompagnant à motocyclette. Après le passage d’un gué à pied, nous manquons notre départ et chutons. Nawal tombe sur une pierre et se fait mal (heureusement sans gravité). Les derniers kilomètres n’en finissent pas. Nous arrivons exténués à 20h45. Nous avons légèrement battu notre record de distance de 1 km (171kms) mais explosé notre record de temps (plus de 9 heures de vélo!). C’est sans conteste notre pire étape.

Hanoï



Nos amis sont partis, nous sommes un peu tristes. Dans l’attente des visas chinois, nous flânons pendant une semaine à Hanoi. La ville est jolie et s’y promener est agréable. Physiquement nous sommes fatigués par un mois de vélo sans réelle pause et nous arrêter nous est profitable. Finalement, la semaine passe très vite.
Une fois le visa en poche (grr…il n’est que de un mois au lieu des trois mois promis et payés), nous reprenons la route vers la frontière chinoise. Nous sommes à quelques kilomètres de notre petite ville d’étape quand un 4x4 s’arrête à notre hauteur. André, un expatrié de 57 ans nous invite à dîner chez lui. Nous passons une soirée très agréable en sa compagnie et celle de Bang, sa femme vietnamienne. Homme d’une large culture, il nous raconte son expérience du Vietnam jusqu’à tard dans la soirée.

dimanche 21 mars 2010

Le point de vue de Simon et Manue






(écrit par Simon et Manue)
Quelle joie de retrouver nos deux aventuriers tandemistes à l hôtel après ce long voyage (et près de 3 semaines de préparatifs minutieux). Vin rouge et chocolat "made in France" accompagnent le récit de leurs aventures sportives et nos retrouvailles.
Dès le lendemain, le tandem à peine remonté, nous prenons la route en direction de la baie d'Along au guidon de notre fier équipage. Les premiers coups de pédales sont hésitants au milieu de ces hordes de motos et scooters prêts à vous écraser à la moindre hésitation ou erreur de trajectoire. Manu et Nawal fendent cette masse humaine sans sourciller. Mais comment font-ils pour se frayer un chemin dans cet enchevêtrement d'hommes et de machines?
Aux portes d'Hanoi nous découvrons des paysages ruraux: chapeaux coniques, rizières et buffles: le dépaysement est total. Le deuxième jour est plus douloureux pour notre équipe peu coutumière des longues distances: 130 km parcourus pour nous retrouver (de nuit) sur la merveilleuse Ile de Cat Ba. Malheureusement le mauvais temps dijonnais nous accompagne, le temps reste nuageux et le ciel gris, malgré nos supplications. Massifs karstiques, bateaux de pêches et villages flottants, la si célèbre Baie d'Along se dévoile au fil de l'eau à bord d'une jonque à moteur.
Nous entamons maintenant une remontée vers la frontière chinoise en traversant de gigantesques zones industrielles poussiéreuses et sales, avant de bifurquer vers l'ouest. Peu à peu le flux routier ralentit, la route se resserre et devient plus sinueuse. Nous atteignons le Vietnam rural, calme et authentique. Les voitures se font de plus en plus rares et les contacts avec la population plus agréables. Les enfants s'esclaffent sur notre passage et lancent de sympathiques « Hello en nous poursuivant pieds nus sur leurs vélos rouillés.
Chacune de nos escales pour ravitailler les vaillants équipages est l'occasion de fous rires, d'interrogations et d'échanges avec la population locale interloquée par nos deux engins à remorque.
Cao Bang, l'objectif de notre voyage est atteint dans la grisaille bourguignonne, malgré une remontée substantielle des températures ! Cette étape nous permet de visiter une grotte, vénérée par les vietnamiens et la propagande communiste, dans laquelle Ho Chi Minh aurait résidé en 1941 pour fuir les représailles françaises. Nous délaissons quelques heures nos machines à pédales pour une auto tout confort; 120 km nous séparent de ce lieu reculé, près de la frontière chinoise.
Déjà, nous amorçons notre retour vers la capitale. La première étape de montagne (1500 m de dénivellé positif et 110 km) affaiblit les deux duos mais la beauté des paysages, leur sérennité et les rencontres avec la population locale récompensent nos efforts.
Pho Bo (soupe de nouilles) et bières locales, souvent agrémentés d'une rasade d'alcool de riz offerte par les villageois, composent notre quotidien alimentaire. C 'est l'occasion de partager l'expérience de nos amis et d'aborder toutes sortes de sujet (histoire du Vietnam, révision du vietnamien, économie mondiale..... et surtout apprentissage de la photographie!!).
Les derniers tours de roues s'effectuent dans une cacophonie intense (les vietnamiens naissent avec un klaxon à la main ou sont ils sourds ?) sur une route surchargée. La concentration des pilotes est mise à rude épreuve: les motos s'insèrent dans le flot de circulation et les bus doublent sans visibilité, sans compter les véhiculent qui arrivent à contre sens!
Emplettes, repos bien mérité et déambulation dans la belle ville d'Hanoi clôturent notre irruption dans l' aventure de nos deux amis tandemistes. Maussades et à regret nous remballons notre fidèle monture. Quand à eux, l'empire du milieu les attends de pieds fermes...

vendredi 19 mars 2010

Nord est du Vietnam







Nous quittons la baie d’Along pour remonter vers les montagnes vietnamiennes le long de la frontière chinoise. Les premiers jours sont décevants car le paysage est urbanisé, le trafic intense et la route en travaux. Le delta de la rivière rouge m’avait déjà déçu car beaucoup moins beau que le delta du Mékong. Je me prends à espérer que mes amis voient autre chose sur les routes du Vietnam que des files sonores de camions et de la poussière rouge. Heureusement, cela s’améliore quand nous nous enfonçons dans les montagnes et les premières rizières en terrasse apparaissent suivi des plantations de thé et de canne à sucre. Physiquement, nos deux amis s’habituent vite et les étapes de 100 kms s’enchainent. Ils découvrent la montagne et la difficulté de gravir les cols. Si au début nous devons les attendre de longues minutes en haut de chaque col, ils rattrapent vite leur retard et nous grimpons de concert. Un soir, alors que nous devons rejoindre la ville de Cao Bang (nord est du Viet Nam), je casse deux rayons de ma roue arrière dans une zone perdue. Je suis en train de réparer quand surgit un hurluberlu vietnamien accompagné de sa guitare. Alors que je galère avec mes rayons, les filles éclatent de rire en se demandant si le vietnamien ne va pas accompagner ma réparation de quelques airs de guitare.
A Cao Bang, nous visitons la grotte de Ho Chi Minh. Nous y allons en voiture en raison de son éloignement de la ville, du manque de temps et de l’absence de logement. Cela fait trois mois que nous n’avons pas pris de voiture et nous sommes un peu nauséeux. La grotte est charmante mais sans réel intérêt historique.
Les vacances de nos amis s’achèvent, nous devons déjà prendre le chemin du retour. 3 jours plus tard, nous arrivons à Hanoï. L’entrée dans la ville est difficile et se fait en se faufilant entre les camions sous leur coups de Klaxons retentissants. Nous sommes contents d’arriver entier à l’hôtel. Nous fêtons l’anniversaire d’Emmanuelle dans un bon restaurant indien avec une bouteille de champagne. Le lendemain, c’est leur départ que l’on célèbre. En fait pendant ces 15 jours passés ensemble, nous avons trouvé tous les prétextes imaginables (paris perdus, notre 5000 ème kilomètre…) pour ouvrir des bouteilles accompagnées de copieux apéritifs.
NB: la dernière photo a été prise à la fin d'une étape difficile et particulièrement poussiéreuse, nos visages en témoignent.

jeudi 18 mars 2010

Baie d'Along





Le deuxième jour, nous proposons à Simon et Manue de nous arrêter à Haiphong après 90 kilomètres mais ils préfèrent poursuivre. Nous nous mettons alors en quête d’un bateau pour l’île de Cat Ba (baie d’Along) mais la mafia touristique est bien organisée et nous ne trouvons que des billets hors de prix. Je décide d’aller voir sur l’embarcadère pour trouver des bateaux transportant les locaux. Le problème est que l’embarcadère est éloigné de 17 kms de la ville et que nous ne savons pas précisément où il se trouve. Avec l’aide de la boussole et d’un peu de chance, je finis par le trouver non sans avoir craint de perdre toute crédibilité aux yeux de mes amis qui m’ont suivis avec un peu d’appréhension sur de mauvaises pistes dans une immense zone industrielle. Le bateau nous coute 3 fois moins que le bateau pour touriste. Une fois la traversée faite, il nous reste à parcourir les 23 derniers kilomètres sur l’île pour rejoindre la ville. Simon et Manue sont fatigués et ont bien du mal sur cette route vallonnée. Pour couronner le tout, je casse ma chaine en haut d’une côte. Finalement, c’est bien après la nuit tombée que nous arrivons à destination. Simon et Manue sont extenués après avoir parcouru 131 kilomètres.

Nos amis ne nous ont pas emmené que du fromage et du chocolat, ils ont apporté avec eux le mauvais temps de Dijon. En trois mois, nous n’avions pas eu un seul jour de pluie et le jour de leur arrivée il faisait un grand soleil et 35° à l’ombre. Deux jours plus tard, il pleut et la température chute à 13°. Nous sortons les polaires, coupe-vents et ponchos. A la faveur d’une éclaircie, nous louons un bateau et passons la journée à naviguer à travers les massifs karstiques de la baie d’Along. A défaut de la voir sous son jour le plus étincelant, nous avons découvert son côté secret, quasi mystique. Le peu de touristes conjugué au fait d’avoir le bateau pour nous seul nous donne un sentiment d’appartenance de la baie et nous permet de nous arrêter où on le souhaite, de visiter des fermes piscicoles, de pécher… Pêcher, c'est vite dit car tandis que notre capitaine et notre cuistot attrapent poissons sur poissons, je ne fais que tremper ma ligne dans l'eau sans aucun succès.

Les retrouvailles




480 kms et 5000m de dénivelé positif nous séparent encore de Hanoï. Manue et Simon arrivent dans 5 jours. Il va falloir se dépêcher. Nous enfourchons Passepartout et filons vers la capitale. Nous sommes tellement contents de retrouver nos amis que nous faisons le trajet en seulement 4 jours en prenant à peine le temps d’admirer les superbes massifs karstiques entourés de rizières. Nous accueillons nos amis à leur arrivée dans Hanoï. Ils sont accompagnés du jumeau de Passepartout. Les retrouvailles se font autour d’une bouteille de vin rouge, de fromage et de chocolat. Ils sont très impatients de partir et le lendemain, à peine le tandem remonté, nous pédalons vers le delta de la rivière rouge.
Notre traversée de Hanoï à deux tandems et deux remorques est loin de passer inaperçue. Les premiers kilomètres de Simon et Manue se font facilement. Il faut dire qu’ils étaient tellement motivés par ce voyage qu’ils se sont entrainés cet hiver en n’hésitant pas à pédaler sous la neige.

lundi 8 mars 2010

Dien Bien Phu






J’ai été impressionné par cette vallée qui a sonnée le glas de l’Indochine française. Etre sur les lieux tout en revisionnant l’excellent film de Pierre Schoendoerffer permet de comprendre l’enfer qu’à du subir les soldats français mais aussi les erreurs stratégiques et l’absence de volonté politique qui ont abouties à cette défaite. Le courage des soldats qui se sont lancés dans cette bataille perdue d’avance pour des raisons telles que l’entraide des camarades ou l’honneur de la France paraissent aujourd’hui bien anachroniques. Par contre, j’ai regretté le peu d’intérêt apporté à la préservation des vestiges et l’omniprésence de la propagande communiste. Celle-ci est particulièrement insupportable en déformant la réalité historique et avec des légendes de photos telles que  «  le valeureux combattant de la glorieuse armée communiste est fier d’avoir tué un infâme combattant de l’honteuse armée colonialiste occupante en l’honneur de notre bienheureux et respecté chef Ho Chi Minh ». La propagande m’est aussi difficile quand elle résonne dans mes oreilles dès 6 heures du matin par des hauts parleurs placés dans les villes du nord du pays pour m’empêcher de faire un acte contre-révolutionnaire en me réveillant après 6 heures.

jeudi 4 mars 2010

Vers la frontière vietnamienne




Nous quittons Luang Prabang et notre bungalow entouré de bananiers pour reprendre notre vie de nomades. Alors que nous pédalons tranquillement, nous apercevons au loin un vélo puis un deuxième. Nous accélérons et arrivons à hauteur d’un couple d’anglais avec qui nous avions passé une agréable soirée à Vientiane. Ravis de les avoir retrouvés en route, nous passerons 3 j en leur compagnie.
Tandis que Gayle et John se dirigent vers la Chine, nous nous engageons sur la piste qui nous mènera au Vietnam. Nous allons y battre notre record de lenteur car à l’absence de bitume s’ajoutent le dénivelé important, les travaux et l’attente de parfois une heure pour que les pelleteuses nous laissent le passage. Heureusement que la veille nous nous sommes éclipsés après la cinquième bouteille de bière offertes par des professeurs laotiens qui nous ont invité à leur table pour fêter l’arrivée du week-end!
Nous admirons une dernière fois les montagnes en disant au revoir à ce peuple d’une extraordinaire tranquillité, d’une insouciance et d‘une joie de vivre sans pareil.
(écrit par Nawal)

Luang Prabang






Sortis de nos montagnes (temporairement), nous atteignons Luang Prabang classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 1995 en raison de ces 66 temples dont la moitié en activité.
C’est une petite ville paisible qui fourmille de moines dans leur tenue orange éclatante.
En fin de journée, alors que je m’apprête à rejoindre Manu à l’hôtel, je suis détournée par des chants. Je me rapproche d’un temple et vois une cinquantaine de moines prosternés, à genoux devant un gigantesque Bouddha.
Par leur chant et leur attitude, ils m’ont fait ressentir leur humilité et la grandeur de leur foi. Je suis repartie sur la pointe des pieds pour ne pas les déranger.
En arrivant à la guesthouse un diner nous attendait! Phet, la gérante avec qui nous avions sympathisé, nous avait concocté un bon plat laotien!
(écrit par Nawal)

Vang Vieng et les montagnes



Après 5 jours à Vientiane occupés à flâner en attendant le visa pour le Vietnam et la prolongation de visa pour le Laos, nous voici repartis pour le nord du pays. En deux jours, nous sommes à Vang Vieng. Cette ville, qui a doublé de taille depuis ma visite en 2005 est toujours aussi inintéressante. Elle n’est constituée quasiment que de guesthouses et de bars pour occidentaux en mal de sensations fortes et de plaisirs artificiels. Depuis 2005, elle s’est cependant aseptisée. Des odeurs de Marijuana n’émanent plus de tous les bars et les « happy » plats (plats avec Marijuana) sont devenus plus rares. Le seul intérêt de cette ville réside dans ses massifs karstiques magnifiques environnés de rizières où grottes et points de baignades abondent.
Nous repartons, vers les montagnes laotiennes. Le dénivelé exacte des cols est entaché d’incertitude. Aucune carte ne comporte de dénivelé précis et Google earth est très peu fiable. Nous partons donc chaque jour sans savoir exactement ce qui nous attends (parfois cela vaut mieux). Une constante se retrouve quand même: le dénivelé réel est toujours bien supérieur à celui supposé. Ainsi nous enchainons des étapes entre 1500 et 2000 m de dénivelé positif. Physiquement, nous peinons vraiment car l’effort est rude et très différent du plat. Nous nous trainons à 6 km/h dans les pentes les plus pentues (quasiment toutes en fait) et grimper un col pendant 25 Kms nous prends une demi journée. Nous sommes néanmoins récompensés par les magnifiques paysages et par les descentes qui s’enchainent à 60 km/h. Nous dormons dans des guesthouses sommaires dans des villages minuscules perchés au sommet des montagnes. Les habitants sont des Hmongs qui, vétus de leur habits traditionnels, nous regardent passer ahuris.
Au milieu de ces montagnes, nous croisons un cycliste italien. Il existe une sorte de fraternité entre cyclistes et nous nous arrêtons toujours pour échanger des informations et des bons conseils. Celui-ci se nomme Paolo et il voyage depuis 7 ans à travers le monde. En bon italien, il nous offre un café qu’il prépare sur le bord de la route. Nous savourons ce café inopiné au milieu de nulle part.

La drogue du cycliste



Les jours de vélo, nous passons souvent entre 6 et 7 heures sur Passepartout. Pour prévenir les remarques que je perçois déjà « mais ils doivent s’ennuyer pendant tout ce temps là !» « cela doit être lassant à force! », je vais essayer de vous faire part de notre ressenti. Le matin, nous partons avec entrain. Au bout de 1h30-2H (35-40 Kms) nous faisons notre première pause. Les kilomètres suivants sont généralement les plus durs. La fatigue commence à se faire sentir, il fait chaud et nous sommes encore qu’au début de notre étape. Nous nous arrêtons vers midi (au bout de 70-75 kms). Lors de la pause déjeuner, un petit miracle s’opère: les endorphines montent lentement au cerveau. Nous n’avons plus aucune douleur, plus aucune fatigue, nous repartons facilement. Nous pédalons sans effort, les kilomètres défilent. Les paysages s’enchainent plus beaux les uns que les autres. Nous nous taisons. Chacun est dans ses pensées. Je ressens un sentiment de plénitude. Je suis bien où je suis, en accord avec le monde. J’ai l’impression que je pourrais continuer comme ça sans m’arrêter pendant des centaines de kilomètres. J’ai tout ce que je désire avec moi et rien ne m’empêche de continuer jusqu’au bout du monde. Lorsque je me réveille, nous avons parcouru 30 à 40 kilomètres. Je regarde Nawal et je sais qu’elle a ressenti la même chose que moi. Nous nous arrêtons en silence pour notre dernière pause boisson. Lorsque nous repartons, le soleil est déjà bas sur l’horizon. La température est douce. Nous nous laissons caresser par les derniers rayons de soleil tandis que nous profitons du paysage qui prend des teintes ocres. Nous poussons souvent plus loin notre étape du jour pour ne pas mettre fin à ce doux moment. Enfin, le soleil se couche. Il nous faut nous arrêter et trouver une guesthouse ou un hôtel. Même s’il n’y a rien à voir dans la ville étape ou que le logement est plus que sommaire, nous sommes heureux . Le soir nous nous endormons de bonne heure le cœur rempli de ce sentiment de plénitude qui ne nous a pas quitté depuis l’après-midi.
Ainsi, petit à petit notre voyage change d’objet. Les cascades ou autres sites touristiques nous intéressent de moins en moins. Nous avons juste envie de prendre la route et de rouler. Lorsque nous restons quelques jours dans un bel endroit, nous finissons par ressentir une envie de partir, une envie de prendre Passepartout et d’aller quelque part, peu importe où pourvu que cela soit loin.