Présentations


"L'important n'est pas la destination, c'est le voyage" RL Stevenson


Ce site est un blog de voyage d'une famille à vélo. Il a principalement comme but de donner de nos nouvelles à notre famille et amis. Les visiteurs sont les bienvenus.

lundi 24 mai 2010

Retour en Chine



Encore un dernier col à 4450 m à passer et c’est la grande descente vers Chengdu (500m d’altitude). Nous croyions pouvoir profiter une nouvelle fois d’une superbe descente, mais il n’en est rien.
Au col, nous dominons une mer de nuages mais la descente nous plonge dans le brouillard qui masque toute visibilité de la route.
La température diminue pour atteindre 5°. Quand enfin (après 1000 m de descente), nous sortons des nuages, ceux-ci forment une chape blanche au dessus de nos têtes sans laisser passer le moindre rayon de soleil.
Nous trouvons un hébergement sommaire vers 1900 m et nous nous endormons en nous disant que la descente du lendemain sera plus belle.

Le lendemain, la route est catastrophique : Nous avons souvent roulé sur des routes en travaux mais là, le terme de « route » devient vraiment impropre.
Nous zigzaguons entre les engins de chantiers, essayant d’éviter les trous et les glissades dans la boue.
Nous sommes littéralement recouverts de gadoue.
En séchant, la boue empêche la chaîne de fonctionner et nous devons vider les bidons d’eau sur les chaînes pour ne pas trop dérailler.

Nous sommes à l’épicentre du tremblement de terre du 12 mai 2008 qui a fait 70000 morts.
Les villages portent encore les stigmates avec de nombreuses maisons éventrées et des centaines de préfabriqués où s’entassent les habitants.
Compliquant encore notre avancée, le trafic est particulièrement important avec des dizaines de 4x4 d’officiels chinois, des voitures de police, des voitures particulières chargées de fleurs, des bus…
Nous nous demandons ce qui se passe quand nous réalisons que nous sommes le 12 mai soit la date anniversaire du tremblement de terre !
A 14 heures, nous n’avons fait que 60 km et il nous en reste 95 pour aller à Chengdu. Heureusement, nous sortons enfin des montagnes et la route s’améliore.
Nous sommes tellement contents de retrouver du plat après 1 mois de montagnes que nous filons à Chengdu à 28 km/h de moyenne !

Chengdu marque notre retour à la civilisation : Les montagnes et pays tibétains sont bien finis.
Cette métropole 100% chinoise de 4 millions d’habitants nous réhabitue aux villes avec leurs avantages (confort des hôtels, bars, restaurants) et leurs inconvénients (trafic, bruit, pollution).
Nous visitons le centre d’élevage et de recherche scientifique de Panda de Chengdu (plus gros centre de Chine… et du monde).
Voir évoluer ces gros ours si paisibles nous a bien plu.

Un rêve de cycliste


La journée commence par une petite montée de 550 mètres.
Le ciel est bleu comme d’habitude et la température proche de 13°.
Passé le col à 4000 m, nous commençons la descente de 2100 m sur 60 km.
Celle-ci est magnifique, longe un torrent venant d’un glacier voisin et serpente au fond d’une gorge impressionnante de hauteur.
Au fur et à mesure de notre descente, la température s’élève.
Vers 3000 mètres, les fleurs font leur apparition.
Les villages tibétains accrochés à flanc de falaise en sont recouverts.
Les paysans vaquent aux champs et s’affairent autour de leur potager.
Ce paysage tranche radicalement avec celui semi aride qui prédomine au dessus de 4000 m.
Nous avons l’impression d’assister à l’éclosion du printemps.
La route se poursuit en pente douce.
Nous enlevons nos couches de vêtements.
Les villages tibétains sont admirablement bien conservés et l’un deux à même été élu plus beau village de la Chine par le National Geographic chinois en 2005.

A la fin de la journée, nous trouvons un hébergement dans une « maison château » tibétaine qui fait chambre d’hôte où nous sympathisons avec la jeune propriétaire qui parle quelques mots d’anglais.
Elle nous préparera un repas gargantuesque bien adapté aux deux cyclistes affamés que nous sommes.

dimanche 23 mai 2010

Les Chinois en vacances

Le mois de mai correspond au mois des grandes vacances pour les Chinois. Sur les routes, nous voyons désormais s’ajouter aux motos tibétaines, et contrastant avec celles-ci, des gros 4x4 chinois.
Ces derniers s’arrêtent pour nous prendre en photos au passage avec leur reflex dernier cri.
Nous sommes photographiés des dizaines de fois par jour au téléobjectif quand ils ne nous demandent pas de poser avec eux pour une image souvenir.
Nous croisons également de nombreux cyclistes chinois faisant la route Chengdu-Lhassa avec retour en train. Il s’agit visiblement de l’expérience nec plus ultra. La majorité sont en groupe avec une voiture assistance qui porte leurs bagages et ravitaillement (pff trop facile!) mais quelques uns voyagent de façon autonome. Tous tombent des nues quand nous leur apprenons que le Tibet est fermé aux cyclistes étrangers.
En tout cas, les paysages nous plaisent toujours autant et les montées se font sans réelle difficulté.
Nous roulons vers l’est et les villes deviennent de moins en moins tibétaines, les facies changent aussi pour retrouver des traits chinois. Nous ne voulons pas quitter aussi vite cette région tibétaine.
Nous décidons de bifurquer vers le nord en direction de Damba et de Wolong et prolonger ainsi de quelques jours notre périple tibétain.

jeudi 13 mai 2010

Un Yak n’y dormirait pas!

(écrit par Nawal)
Nous quittons Litang tardivement le matin car une petite journée de vélo nous attend.
Vers 12 h, nous trouvons avec surprise un restaurant sur notre route (cela fait plusieurs jours que nous pique-niquons en route faute de gargotes).
Nous nous y arrêtons et dégustons une délicieuse potée aux poissons.
Vers 16 h, nous sommes dans le village où nous avons prévu de dormir (la gérante de l’hôtel à Litang nous avait affirmé que nous trouverions de quoi loger).
Nous arrivons devant la guesthouse. Un vieux monsieur me fait signe de le suivre, grimpe un étage et m’ouvre la chambre : deux lits en fer sur lesquels reposent des matelas moisis, un pot en fer (pour faire ses besoins?) et une odeur nauséabonde. Un vrai taudis! Je me contente de rester sur le pas de la porte et hurle à Manu: « C’est impossible de passer la nuit la dedans, même un yak n’y dormirait pas! »

C’est la seule guesthouse du village et la ville suivante est à plus de 7 heures de vélo.
Nous explorons la route avec l’espoir d’un autre logement lorsque nous apercevons une maison tibétaine avec de nombreux camions dans la cour.

Manu pense à un relai routier. Une femme souriante nous accueille et répond par l’affirmative à mon signe universel de dormir.

Soulagés, nous visitons la maison et nous apercevons de notre erreur. Il ne s’agit pas du tout d’un relai routier mais de la maison d’un chauffeur routier ! Notre hôtesse nous propose la plus jolie pièce de sa maison, le salon tibétain, pour nous installer. Nous sommes surpris de la spontanéité avec laquelle elle a invité deux étrangers à dormir chez elle. Nous acceptons son offre avec reconnaissance.
La maison est composée de trois pièces: une chambre où dort toute la famille, le salon et la cuisine qui sert de pièce à vivre car c’est là qu’est présent le seul poêle de la maison. Il n’y a qu’une seule ampoule électrique, l’unique point d’eau est dehors et les toilettes au fond de la cour. Les enfants, au nombre de quatre, ont les joues violettes en raison de l’altitude et la peau desséchée par le froid.
Nous nous retrouvons vite dans la cuisine autour du fourneau à manger péniblement une bouillie au beurre de yak pour le goûter. Celle-ci a une odeur et un goût pour le moins particulier.

Je décide d’aller à l’épicerie du coin pour rapporter des gâteaux aux enfants. Ces derniers me suivent et c’est en parade que nous traversons le village. Les enfants ne me quittent plus d’une semelle et je dois ruser avec Manu pour pouvoir m’éclipser dans la soirée. Nous passons un dîner très agréable avec cette petite famille. Le père, rentrant du travail et peu surpris de nous trouver là, nous montre des photos de moines emprisonnés. Il ne porte pas le gouvernement dans son cœur.
Le matin, Manu peine à faire accepter à notre hôtesse 70 yuans (8 euros). Elle finit par accepter l’argent mais veut lui en rendre la moitié. Emmanuel refuse.

Nous voulons partir vite mais impossible pour cette mère de famille de nous laisser prendre la route le ventre vide. Elle nous attrape avec autorité par les manches et nous dirige vers la cuisine où du riz sucré arrosé de beurre de yak chaud nous attend! Nous retrouvons le même goût rance de la veille que nous identifions maintenant, c’est le beurre de yak chaud! Le goût est particulièrement fort le matin à jeun.


Nous n’avons pris aucune photo de cette famille. Par pudeur nous ne voulions pas sortir notre reflex à un millier d’euros. Pour notre départ, toute la famille est massée dehors en rang d’oignons. Le petit dernier de trois ans, agitant vers nous sa menotte, est cul et pieds nus malgré la température glaciale (3°). Certains souvenirs sont plus beaux que les meilleures photos. Nous reprenons la route le cœur rempli de tendresse pour cette charmante mère de famille qui nous a ouvert sa porte avec un tel naturel.

Le Far West tibétain


Nous évoluons sur le plateau tibétain situé à 4000 m d’altitude. Il est composé de plaines arides où paissent de nombreux yaks et chevaux surveillés par des campements de tibétains semi-nomades. Tout autour, des « petites » montagnes enneigées culminent à plus de 5000 m.

Au dessus, le ciel est d’un bleu pur juste entrecoupé par des nuages tellement bas qu’on pourrait presque les toucher en levant le bras.
Nous sommes désormais habitués à l’altitude et nous pédalons entre 4000 et 4700 m sans difficulté. La principale difficulté réside dans le fait de trouver des logements décents. Dans ce semi-désert, nous devons plusieurs fois nous contenter de lits sommaires dans une chambre sans possibilité de se doucher.
Nous arrivons à Litang. Cette ville de 50 000 habitants est le carrefour des principales routes entre le Tibet et le Sichuan. Il y règne une atmosphère particulière. Des Tibétains descendent en groupe de motos des montagnes vers la « grande » ville. Ils ont fiers allure avec leur visage brulé par le soleil, leurs manteaux traditionnels, leurs bottes, leur chapeau et leurs lunettes de soleil. Ils entrent dans les restaurants pour y boire des bières parlant fort, riant … et ne s’étant visiblement pas lavés depuis plusieurs jours.
Très loin de leur culture, nous comprenons pourquoi les chinois considèrent les tibétains comme des sauvages.

Il existe un perpétuel face à face entre ces hommes rudes parfois désœuvrés déambulant en groupe dans les rues de Litang et l’armée chinoise. Cette dernière ne dispose pas moins de 3 casernes dans cette petite ville auquel il faut rajouter les barrages de police situés tous les 300 mètres. Les chinois ne veulent clairement pas que les soulèvements de 2008 se reproduisent.

4750 mètres


6 heures. Altitude 2700m. Le réveil sonne. Je l’éteins d’un geste rageur. Je l’avais mis tôt car aujourd’hui une grosse journée nous attend : 2300m de dénivelé positif dont une montée de 2800 m à 4700 m d’altitude sans possibilité d’étape intermédiaire. 4000m représente une barrière psychologique et surtout physique. Au-delà, le souffle devient court, le cœur s’emballe vite et notre vitesse culmine à 5 km/h. Autant hier j’étais très motivé, autant maintenant je resterai bien sous la couette. Je soulève le rideau. Les premières lueurs de l’aube annonce une superbe journée. Grr, même pas l’excuse du mauvais temps pour faire la grasse matinée. Je réveille Nawal en douceur: «viens, ce n’est pas le jour pour trainer au lit ».

12 heures. Altitude 3500m. Nous avons avalé les trente kms vallonnés au fond d’une gorge en guise de petit déjeuner et depuis deux heures, nous montons sur une route en lacet. Coldplay dans les oreilles, je me sens bien. Les endorphines font leur effet et nous montons sans difficulté à petit rythme. Si ça continue comme ça, ça va être du gâteau!
14 heures. Altitude 4000m. Nous faisons une pause piquenique. Au menu, œufs durs, viande de yak séché, coca et gâteaux. Soudain, il se met à neiger. Nous repartons précipitamment. Nous avons déjà subit une tempête de neige lors du passage du précédent col à 4300 m. La température était brutalement tombé à -2° tandis qu’un vent violent nous frigorifiait. Nous en avons gardé un souvenir désagréable même si la tempête avait duré moins d’une heure. Cette fois ci, il ne s’agit que d’un gros nuage, le soleil revient vite.
17 heures. Altitude 4700m. Plus que 50 mètres à monter mais ils sont bien difficiles. Depuis déjà une heure, je compte les mètres restants. Mes jambes ont bien du mal à appuyer sur les pédales. La remorque pèse de chacun de ses quarante kilos. Je scrute le col depuis deux heures. Il semble jouer un jeu pervers avec moi. Plus je m’approche de lui, plus il s’éloigne. Les cols devraient porter des noms de femmes. Le nom de celui-ci est composé de trois idéogrammes sur ma carte chinoise. Les idéogrammes ont-ils un genre ?
17 heures trente. Altitude 4750 m. Ca y est! On y est enfin! Je regarde Nawal qui est heureuse comme moi. Pas le temps de s’attarder. Le vent est fort et glacial. Nous enfilons nos vêtements chauds en vitesse et filons vers la descente. La neige qui recouvre la piste a été transformée en boue par le passage des camions. Je fais attention pour ne pas glisser. Nos jambes sont trempées. Au bout de quelques kilomètres, le bitume réapparait. Notre vitesse s’accélère, les kilomètres défilent.
18 heures trente. Altitude 3950m. Nous arrivons dans un petit village tibétain. Il n’y a qu’un seul hôtel et celui-ci est meilleur qu’espéré. Les chambres sont pourvues d’une salle de bain et il y a même de l’eau chaude!
















Cette dernière photo correspond à un petit tour de tandem avec un gardien de Yak qui visiblement n'avait jamais fait de vélo de sa vie. Heureusement, les yaks se sont écartés à notre passage!