Présentations


"L'important n'est pas la destination, c'est le voyage" RL Stevenson


Ce site est un blog de voyage d'une famille à vélo. Il a principalement comme but de donner de nos nouvelles à notre famille et amis. Les visiteurs sont les bienvenus.

lundi 26 avril 2010

L’attente du beau temps





Le Tibet a été divisé par les chinois une peu comme les puissances coloniales du 19ème siècle ont divisé l’Afrique. Il est donc réparti entre la région autonome du Tibet, l’ouest du Sichuan, le sud Qinghai et le nord ouest du Yunnan. La région autonome du Tibet est inaccessible aux étrangers depuis les événements de 2008 s’ils ne passent pas par une agence accréditée et ne sont pas accompagnés par un couteux guide officiel chinois (dommage, la route vers Lhassa et Kathmandu nous tentait bien). Nous avons décidé de prendre une route passant par le Sichuan et longeant la frontière avec la région autonome du Tibet.
Depuis plusieurs jours, nous sommes dans une zone ethniquement majoritairement tibétaine. Les signes extérieurs en sont une profusion de temples tibétains avec leur multitude de drapeaux à prières, un faciès différent et une gentillesse extrême des habitants et des yaks partout. Nos premiers yaks n’ont pas été faciles à reconnaitre et ont été l’objet de discussions épiques du style:
« Et ça ce n’est pas un yak? »
« Ce ne serait pas plutôt une vache à long poil?»
« Tu as vu la taille, moi je dirais plutôt un buffle à long poil »
« Euh, un buffle à long poil, ce ne serait pas la définition d’un yak? »
En tout cas, nous connaissons désormais l’utilité des longs poils: à lutter contre le froid et la pluie. Depuis 4 jours, il n’arrête pas de pleuvoir et la température est de 5°. Le plafond nuageux est à 3700m. Au dessus, il neige. Nous patientons dans Zhongdian en attendant une éclaircie. Heureusement, la ville est agréable avec ses temples, sa vieille ville et ses cafés sympas. Nous en profitons pour compléter notre équipement (gants de ski, bonnets, pantalons de ski…). Nous sommes prêts pour le Sichuan et ses cols à plus de 4000m. Il ne reste plus que le temps soit avec nous.

samedi 24 avril 2010

Refuge sous le porche d’une cabane










Nous trouvons refuge sous le porche d'une cabane. La famille tibétaine qui occupe les lieux nous invite à entrer, nous fait une place autour du feu et partage avec nous leur soupe. Nous passons plus dune heure à nous réchauffer à la chaleur du feu et surtout au contact de cette chaleur humaine. Notre premier contact avec les tibétains est fort sympathique. Vers 15 heures, nous décidons de partir au grand dam de nos hôtes qui ne veulent pas nous laisser sortir alors que la pluie continue. Nous avons cependant encore 60 kms à faire pour gagner Zhongdian. La pluie tombe quasiment sans interruption sur tout le trajet. Nous roulons avec des sacs plastiques autour des chaussures mais nos pieds sont quand même trempés. Nos mains ne sont guère mieux. Nous finissons par arriver dans la ville à 19h30 mouillés et transis de froid pour découvrir que les hôtels ne disposent pas de chauffage!

Le nord-ouest du Yunnan






Après quelques jours nous atteignons Dali, ville ancienne mais complètement refaite au goût des touristes chinois. Les couleurs sont vives, c’est propre mais on se croirait un peu à Disneyland. Nous partons pour Shaxi, ancienne ville caravanière à l’écart des hordes de touristes chinois où résonne encore le pas des chevaux. Elle nous plait beaucoup plus. Puis on se dirige vers Lijiang, les gorges du tigre et enfin Zhongdian (Shangri-la). La route entre les gorges du tigre et Zhongdian commence par une montée de 1300 m pour arriver sur un plateau à 3300 m d’altitude. La montée se fait sans difficulté mais une pluie fine persistante fait son apparition. Cette dernière s’amplifie pour finir par nous tremper complètement. Nous atteignons le col frigorifiés (il fait 9°, nous avons perdu 30° en 10 jours).

Vers Kunming

Yuangyang est à 1800m d’altitude et notre étape du jour nous fait passer par un col à 2000 m. En apparence, rien de plus facile sauf que pour rejoindre le col, nous sommes obligés de redescendre au fond de la vallée à moins de 200 m d’altitude. Au moins la première partie de la journée n’est pas trop difficile. Nous commençons la montée sous une température de 30°. Nous cassons un rayon (ils cassent toujours au plus mauvais moment). Nous reprenons l’ascension. La température monte de concert avec nous pour atteindre 46° à midi. Il n’y a pas d’ombre. Nous buvons des litres d’eau. La chaleur devient insupportable. Nous nous demandons s’il ne serait pas plus sage de redescendre mais nous avons déjà grimpé 800 m, nous ne voulons pas en perdre le bénéfice et nous espérons une baisse de la température avec l’altitude. A 1300 m, il fait encore 40°. Nawal n’en peut plus de la chaleur et craque. Nous atteignons péniblement le col. Il est 17 h et il fait encore 32°. Les 30 kms de descente sont un vrai plaisir.
Les jours suivants nous mènent à Kunming à travers un paysage montagneux qui alterne avec des kilomètres de potagers où s’activent une myriades de paysans. En comparaison avec ce paysage rural, Kunming est un vrai choc. La capitale du Yunnan est une ville d’une modernité éblouissante remplie de gratte-ciel, magasins de luxe et centres commerciaux. Nous qui pensions trouver une petite ville provinciale, nous sommes vraiment surpris. Les hommes parcourent la ville en Porsche Cayenne, Hummer et autres Bentley tandis que les femmes sortent des magasins Vuiton les bras chargées de paquets. Il existe vraiment deux Chines: celle rurale pauvre et celle citadine riche. Le contraste est saisissant. Nous ne considérons plus la Chine comme un pays en voie de développement (il y a beaucoup plus de riches chinois que de riches français) mais comme un pays où la richesse est extrêmement mal répartie. Il est d’ailleurs amusant de constater que le socialisme de marché est porteur de plus d’inégalité que le pur capitalisme!
Nous passons quelques jours sympathiques à Kunming. Les magasins de VTT sont aussi bien achalandés qu’en France et vendent toutes les pièces dernier cri. Nous en profitons pour changer la transmission droite de Passepartout qui est bien fatiguée après 7000 kms.
Pour nous, nous achetons des vêtement chauds. Nous avons en effet décidé de partir sur le plateau du Tibet.

vendredi 16 avril 2010

Les titians de Yuanyang




(Écrit par Nawal)
Encore un détour d’une cinquantaine de kms et surtout 1800 mètres à grimper pendant 35 kms pour aller voir les rizières en terrasses (titians) de Yuangyang.
Manu est très motivé depuis qu’il a lu la description lyrique du guide. Moi, je le suis moins car nous venons de voir de très jolies rizières en terrasses à Sapa et l’idée d’avoir un col de moins à grimper me séduit davantage ! De plus la région du Yunnan connait la plus grande sécheresse depuis un siècle, donc le paysage risque d’être beaucoup moins joli que ce qui est décrit. Mais bon, je me dis « Allons voir là haut pour ne pas avoir de regrets ! »
Nous moulinons sous 35° pendant 5 heures puis arrivons dans la dite ville. Il se dégage une odeur d’égouts désagréables, la ville n’est vraiment pas jolie et les rizières en terrasses que nous apercevons sont asséchées et ternes.
Dégoutée par tant d’efforts inutiles, je suggère à Manu de redescendre sans tarder pour rejoindre la ville située dans la plaine. Manu relit le guide tout en déjeunant.
« Tu sais que les rizières en terrasses sont en fait à 25 kms d’ici? »
« Heu, j’ai dû louper un passage »
« Les terrasses sont particulièrement belles au soleil couchant. Il est 15 h, il nous faut du temps pour trouver un hôtel et en montagne, on peut mettre 2 heures pour faire 25kms. Il va nous falloir un autre moyen de locomotion si nous voulons profiter du spectacle ce soir». Après avoir déposé les affaires dans un hôtel, nous hélons une charmante chinoise en habits traditionnels dans sa « mini auto taxi ». En fait il s’agit d’une minuscule voiture à trois roues de 1,20m de large. Sur du plat, l’engin frôle les 20 km/h tandis qu’il atteint péniblement les 12 km/h en montée. Il faut dire que notre chauffeur dépasse allégrement les 100 kgs et explose le PTAC du véhicule. Manu bougonne.
« Si ca continue comme ça, on va rater le coucher du soleil. On irait plus vite à vélo! »
Notre chauffeur nous regarde en souriant et pousse au maximum le moteur de mobylette installé dans sa voiture.
Finalement, nous arrivons quelques minutes avant le coucher du soleil. Nous sommes subjugués par le spectacle du reflet des derniers rayons sur l’eau des terrasses.
Le lendemain, nous reprenons Passepartout pour explorer plus tranquillement les multiples rizières qui parsèment les montagnes et profiter une nouvelle fois de ce merveilleux coucher de soleil.

Enfin la Chine





















« Enfin la Chine», car cela fait un mois que nous parcourons le nord du Vietnam dans tous les sens, nous en avons un peu assez, nous avons envie de changer de pays. De plus, nous avons souvent frôlé la frontière chinoise jouant avec elle une étrange danse faite d’attraction répulsion. Au Laos, nous étions à 80 kms de la Chine, à Lang Son au Vietnam plus qu’à quelques kilomètres et à Lao Cai à quelques mètres. Nous avons même poussé le vice jusqu’à franchir symboliquement la frontière dans les montagnes de Cao Bang avec Simon et Manue.

Nous avons envie d’entrer pour de bon dans ce pays et de découvrir ce quasi continent entouré de mystères et d’à priori occidentaux souvent négatifs.

Sur internet, dans les blogs, le passage de cette frontière est réputée difficile avec fouille complète (parfois double) et confiscation du guide Lonely Planet (car Taïwan y est décrit comme un pays indépendant). Nous nous y sommes préparés, nous avons vérifié nos sacs deux fois et nous avons recouvert notre guide d’une couverture issue d’un autre livre.

Le passage de la frontière vietnamienne est rapide sans une parole avec un fonctionnaire indifférent. Devant le poste chinois patiente une longue file de camions et de charrettes à bras sous le plein soleil. Un attroupement se fait rapidement autour du tandem, chacun nous questionne les uns en chinois et les autres en vietnamiens. Nous ne passons pas inaperçu. Un militaire chinois (à priori gradé), nous accoste gentiment, nous pose des questions sur le tandem et nous aide pour remplir tous les papiers. Une fois, le précieux tampon en poche, il nous fait signe de passer avec Passepartout. Nous doublons donc la longue file de véhicule quand un jeune militaire nous intercepte voulant que nous fassions la queue comme tous ceux qui sont là depuis des heures. Je vais chercher le gradé sympathique, qui ordonne au jeune de nous laisser passer. De l’autre côté du poste frontière, nous croyons les formalités terminées quand un douanier nous arrête. Il veut nous fouiller et va chercher son chef en nous confisquant nos passeports. Je le suis tout en cherchant des yeux le gradé. Il me voit et vient nous aider une fois de plus en discutant avec le chef douanier. Ce dernier vient examiner Passepartout, nous demande le contenu de nos sacs, les palpe sommairement et nous tend nos passeports en nous souhaitant bon voyage. Ouf, ça y est, finalement le passage a été plus facile que prévu.

Nous voici donc en Chine… et tout est écrit en chinois. Il nous faut appendre les idéogrammes voulant dire hôtel, restaurant… Les chinois rencontrés sont calmes, sympathiques et serviables. Quand ils voient qu’on ne parle pas chinois, ils prennent une feuille pour écrire… en chinois. Nous écrivons en dessous en français et ils éclatent de rire. Se débrouiller en Chine est plus facile qu’on ne le craignait. Même dans les campagnes, nous arrivons à nous faire comprendre (nous savons compter et dire quelques phrases simples en chinois). La nourriture est bonne et les logements largement meilleurs que dans le sud-est asiatique pour le même prix. Sur la route, les véhicules font attention à nous et ne klaxonnent pas tout le temps (pas comme les vietnamiens). Les premières impressions de la Chine sont très favorables.

samedi 10 avril 2010

Sapa : les Alpes Tonkinoises





Moi: « Aller à Sapa, implique un détour et une montée de 1600m, tu veux vraiment y aller? »
Nawal: «C’est un endroit magnifique, cela serait dommage de passer à côté.»
Nous voici donc partis pour une montée de 4 heures qui s’est achevée sans trop de difficulté (à ma grande surprise, car après notre aventure nocturne, nous avons parcouru 100 kms et nous souffrons encore des courbatures et des douleurs fessières qui les ont suivis !).
Sapa mérite bien son surnom d’Alpes tonkinoises : Le dénivelé, le brouillard, tout ressemble à nos montagnes avec les rizières en terrasse en plus. Nous passons une journée entière à crapahuter au milieu des rizières en saluant les femmes (Hmongs), toutes habillées de façon traditionnelle. Ce petit coin du Vietnam est vraiment à part du reste du pays : il nous a bien plu et valait les quelques heures d’effort. Le meilleur, c’est quand même les 32 kms de descente pour rejoindre la frontière chinoise!