Présentations


"L'important n'est pas la destination, c'est le voyage" RL Stevenson


Ce site est un blog de voyage d'une famille à vélo. Il a principalement comme but de donner de nos nouvelles à notre famille et amis. Les visiteurs sont les bienvenus.

samedi 30 avril 2022

Fuji, c'est fini

 






(écrit par Nawal)

Nous quittons Pompéi sous une pluie fine. Contrairement aux prévisions météorologiques, celle-ci s’intensifie pour devenir diluvienne. Nous nous arrêtons dans un café détrempés et transis de froid.

Une dame attablée à nos côtés nous demande où nous comptons aller. Nous lui répondons que nous devons prendre le ferry de Sorrento pour gagner l’île de Capri.

Elle nous explique que par mauvais temps, peu de bateaux circulent et que le dernier à partir (après avoir passé un appel à la compagnie maritime) est à 13H30. Nous avons moins d’une heure devant nous et la pluie est toujours intense. Lise et Matthieu disent en chœur: « nous n’avons pas fait tout cela pour louper le bateau!».

Nous repartons pressés, le bitume cède la place à une route pavée qui descend vers le port. Les nids de poule se succèdent. Manu, Matthieu et Lise filent vers le quai tandis que je joue l’équilibriste sur des pavés glissants avec ma lourde carriole. Enfin, nous atteignons le bateau au moment où la pluie s’arrête. Cette dernière reprend de plus belle lors de notre débarquement sur l'île. Nous montons la raide côte vers Anacapri alors qu’un véritable ruisseau dégringole le long de la route.

Nous arrivons enfin dans notre location: une charmante maison où poussent des orangers et des mandariniers.

Je suis ravie de faire découvrir cette petite île à Manu et aux enfants. J’avais eu la chance d’y venir lorsque j’étais lycéenne grâce à mon amie Lucie et sa maison de famille. Comble de chance, elle vient y passer les vacances de Pâques dans quelques jours.

En attendant les retrouvailles, nous partons à la découverte du sommet de l’île. Arrivé au Monte Solaro d’où la vue est imprenable, Manu se rend compte que son appareil photo Fujifilm ne démarre plus! Il est dépité, la panne ne semble pas bénigne. Je le taquine en chantant «Fuji, c’est fini» sur l’air de Hervé Vilard. Il se résigne à prendre des photos avec son téléphone, en pestant…


L’île réserve des sentiers de randonnées magnifiques avec des panoramas et des couleurs magiques. La ville de Capri par contraste, nous déplaît fortement avec son étalage de luxe et sa superficialité.


Je retrouve mon amie Lucie accompagnée de sa famille: quel bonheur immense! Cela fait 12 ans que l’on ne s’est pas revu mais la complicité est inchangée.


Son père nous emmène sur des superbes sentiers de randonnées connus par les locaux avec baignade en fin de journée. Le soir, nous prenons un apéro arrosé en regardant l’île d’Ischia éclairée par les derniers rayons du soleil.





jeudi 21 avril 2022

Pompéi et Herculanum

 

Écrit par Matthieu

Nous partons de Naples pour aller à Pompéi. Sur la route il y a beaucoup de trafic et des pavés qui semblent dater de l’époque Romaine. Nous arrivons à Pompéi assez tôt dans l’après-midi. Nous visitons l’ancien Pompéi (cité qui a subi l’éruption volcanique du Vésuve en 79 après J.C ). Nous déambulons dans les ruelles Pompéiennes (je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi grand!). Nous visitons un amphithéâtre, des thermes, des domi (maisons), des temples et des théâtres. Les ruines sont magnifiques! Le lendemain nous prenons le train pour Herculanum (une autre cité romaine qui a subi les dégâts du Vésuve). Dans cette ville il y a des mosaïques très jolies et des villas de luxe. Il y a aussi des personnes qui sont mortes en essayant de fuir par la plage, leurs squelettes sont encore visibles. Nous reprenons le train pour retourner à Pompéi. J’ai adoré ces deux journées!











mardi 19 avril 2022

Naples




Pour rejoindre Cagliari, nous devons éviter les voies rapides ce qui rallonge le trajet. Au final, en Sardaigne, nous avons roulé 540 Km en 9J avec un seul jour de repos. Clairement, le rythme est trop poussé pour les enfants, ils ont besoin de plus de jours sans vélo. Promis les enfants, on va prendre le temps! Chacun doit apprendre à se mettre au diapason de ce voyage et mon apprentissage personnel va être celui de la lenteur.

Nous quittons la Sardaigne après deux jours dans la belle ville de Cagliari. Une nuit dans le bateau et nous débarquons à Naples.

Naples est fidèle à sa réputation. Elle est sale, bruyante, sombre, malodorante, grouillante et effrayante à vélo avec des enfants. Néanmoins, si on arrive à esquiver les scooters, on trouve du charme à cette ville caricaturale des villes du sud de l’Italie. On y mange bien dans des minuscules trattorias et le passé archéologique, artistique et religieux est riche. On y croise des processions de Pâques tout de blanc vêtu, des spécialités culinaires comme les Tarallis et des effigies de Maradona.





samedi 16 avril 2022

La Sardaigne










Nous découvrons la Sardaigne avec un grand plaisir. Le ciel est quasiment toujours bleu et les températures clémentes en ce mois d’avril. Les conditions sont idéales pour voyager à vélo. Les paysages alternent des côtes déchiquetées plongeant dans eaux turquoises et des magnifiques plages. Dans les campagnes ce sont les citronniers et les oliviers qui peuplent les champs. Dans les villes, les mandariniers délaissés laissent tomber leurs fruits sur le sol un peu comme les pommiers en Normandie.


Sur la route, nous sommes surpris par le respect des Sardes. Les voitures s’écartent largement et lorsque les camions n’ont pas la place de nous doubler, ils attendent tranquillement derrière nous. Ils nous dépassent alors avec des klaxonnements joyeux et des signes de la main. Dans les villes nous ne passons pas inaperçus. Des sourires et des encouragements nous accompagnent souvent.


Entre Alghero et Bosa, les passages à 10% voire plus s’enchaînent. Au delà de 6%, je ne suis plus dans un effort que je peux soutenir sur une longue durée. Chaque côte raide me met dans le rouge. Il va vraiment falloir que l’on s‘allège!

Nous faisons une magnifique pause pique-nique sur un rocher en face de la mer. En repartant, une cycliste française nous aborde attirée par notre drapeau. Elle a un magnifique vélo typé longue distance mais surtout un bidon Born to ride (course de 1200km que j’ai effectuée en 2018 et 2019). Il s’agit d’une cycliste que j’avais croisée en 2019 en haut du col du Mont Cenis sous des conditions dantesques et avec qui j’avais roulé quelques temps. Le monde est décidément petit!


Nous trouvons tranquillement nos marques et des rituels se mettent en place. Chaque enfant a son rôle et se doit d’être autonome. Lise du haut de ses 10 ans excelle en ce domaine. Pour Matthieu et ses 8 ans, l’autonomie est plus difficile à acquérir. Il comprend néanmoins qu’en voyage, nous ne pouvons pas tout faire pour lui.


La bonne surprise vient de leur aptitude à pédaler. Alors que je prévoyais entre 3 et 4 heures de vélo par jour, à deux reprises les aléas du voyage nous on fait pédaler plus de 4H30. Les enfants ont roulé ces distances sans difficulté. Néanmoins au bout d’une semaine et 400 km, une pause est largement nécessaire. Nous nous arrêtons une journée sur la presque’île de Sant’ Antioco. Le départ pour Cagliari est plus difficile pour Lise. Nous devons réaliser 2 journées à 70 Kms pour la capitale de la Sardaigne et elle aurait aimé avoir un jour de repos supplémentaire. 









Les paysages vers Chia sont de toute beauté.

mercredi 13 avril 2022

L'entorse



 Le bateau pour la Sardaigne part dans moins de deux heures, je charge les vélos. Les enfants s’en donnent à cœur joie sur le trampoline malgré mes recommandations de prudence. Matthieu descend du trampoline en boitant. Un œuf de pigeon sous la malléole externe. Il s’assoit et devient blême. Une belle entorse! Ian qui rentre du boulot passe en urgence à la pharmacie pour trouver une attelle. Le voyage commence bien!

J’embarque Matthieu sur le follow-me direction le bateau. Pendant plusieurs jours, il a ordre de ne pas pédaler. Je dois le porter dans les coursives du bateau.


Nous arrivons au petit matin à Porto-Torrès en Sardaigne. Les premiers tours de roue se font sous la pluie. Chaque côte est difficile pour moi qui tracte Matthieu sans que celui-ci ne donne un coup de pédale. Le lendemain, Matthieu se laisse encore tracter sans rien faire.

Le soir nous visitons à pied la magnifique vieille ville d’Alghero. Pour ne pas que Matthieu marche, il a le droit de rouler un peu à vélo avec son attelle. Au bout de 5 minutes, il file sur son vélo à fond la caisse «c’est parfait Papa, je n’ai plus mal à la cheville!»

Et dire que toute la journée il a été tracté sans rien faire!



Le départ



Les départs sont toujours stressants mais celui-ci détient la palme en la matière: faire les bagages pour 5 mois, ne rien oublier, fermer la maison, la sécuriser, effectuer des dizaines de choses de dernières minutes et tout cela avec des enfants surexcités!

Partir à l’inconnu et quitter le confort quotidien ne me fait pas peur mais je ne suis pas sûr que le nomadisme plaise aux enfants. Vont-ils accepter de ne plus avoir de chez eux pendant 5 mois? De ne pas savoir le matin où ils vont dormir le soir?

Bien sûr partir sur les routes apporte son lot de craintes (maladie, accident….) mais finalement, la question qui m’obsède le plus est: ce voyage est-il une envie personnelle à Nawal et moi que nous imposons à nos enfants? Le voyage va t-il les changer comme il nous a changé? Vont-ils s’épanouir, grandir et mûrir? Les semaines à venir vont m’apporter la réponse à cette question cruciale.

Je sais que nous écrivons l’histoire familiale mais… Je crois que je me mets trop de pression!


Une semaine avant de partir, nous avons fait un test pour voir si tout rentrait dans les bagages. Heureusement, la réponse est oui mais nous sommes lourds, trop lourds. 70 kg sans compter l’eau et la nourriture, cela fait beaucoup. Le moteur Bosch de Nawal ne sera pas de trop pour tracter la carriole de 30 kg!



Enfin, le départ. Nous partons sous les encouragements de nos amis. A la gare, Julien, Manue et Apolline sont venus nous dire au revoir. Ils sont les bienvenus pour nous aider à monter dans le train en moins de deux minutes, nos 4 vélos, 3 sacs et 10 sacoches!


Nous arrivons à Paris où une collègue de Nawal, Virginie et sa famille sont venus nous saluer. Je montre aux enfants l’Opéra, le Louvre, Notre-Dame. Circuler à vélo à Paris est devenu vraiment facile depuis la multiplication des pistes cyclables. Nous prenons le train de nuit et le lendemain matin nous arrivons à Toulon.


Nous sommes accueillis chez nos vieux amis Agnès et Ian. Nous les retrouvons après une longue absence et nous avons l’impression que rien n’a changé depuis notre vie de trentenaires. Seuls les enfants, préadolescents, nous rappellent que nous avons vieillis.

12 ans plus tard

 


12 ans sont passés et je n’ai jamais fini ce blog. Je n’ai jamais écrit nos dernières aventures ainsi que notre montée en alpinisme du Huayna Potosi culminant à plus de 6000m qui était le point d’orgue de notre voyage. Avec le recul, la raison de cet inachevé est clair, je ne pouvais me résoudre à mettre par écrit le point final de ce voyage et à tourner la page.

Depuis 12 ans, beaucoup de choses ont changé avec en premier lieu l’arrivée de nos enfants en 2011 et 2013. Comme beaucoup de parents, nous nous sommes lancés dans cette course quotidienne et répétée consistant à subvenir aux besoins élémentaires de notre progéniture, tenter de les élever et assumer en même temps un travail prenant. Souvent, au détour d’une discussion, le voyage s’invitait et un sourire teinté de nostalgie nous montait aux lèvres. Pour les enfants, le voyage est une sorte de mythe familial surtout pour Lise qui a été conçue à La Paz. Elle est notre plus beau souvenir de voyage !

Nous ne voulions pas que le voyage ne soit qu’un mythe pour les enfants. Très vite, l’idée de repartir avec eux à vélo s’est imposée. Le voyage inaugural constitue une des fondations de notre couple, nous voulions repartir avec eux pour créer de même un ciment familial avant que l’adolescence et ses bouleversements nous éloignent.

Lise va avoir 11 ans, il est donc urgent de partir. L’urgence se fait d’autant plus pressante que les années défilent happées par les impératifs quotidiens. Une routine sournoise s’est installée et nous luttons quotidiennement contre la montre et les tâches à effectuer. « Dépêche toi » est la phrase que je dis le plus aux enfants. Le matin pour s’habiller, se laver les dents, aller à l’école, faire ses devoirs, se coucher...  Il est urgent de construire un autre projet familial, de prendre le temps, de se découvrir.


Le vélo me semble toujours le meilleur moyen de voyager même avec des enfants. Il permet de ne pas être qu’un consommateur de tourisme et d’inculquer aux enfants la valeur de l’effort. Je ne veux cependant pas qu’ils soient dans la difficulté. Après des petits voyages, je me suis rendu compte qu’ils étaient trop jeunes pour effectuer des distances répétées de plus de 50 kms surtout avec des montées. Lise partira donc en vélo électrique. Je tracterai Matthieu en follow me, tous les deux sur des vélos classiques. Devant déjà tracter mon fils et son vélo, je ne pourrai pas porter trop lourd, Nawal aura donc la charge de la majorité des bagages en tractant la carriole d’il y a 12 ans. Elle partira également en vélo électrique au vu du poids important de notre attirail.


Nous avons préparé le voyage pendant 2 ans mais en fait il ne m’a jamais vraiment quitté et c’est avec un plaisir non feint que je passe mes soirées sur Google Maps et sur des sites de cyclisme.

Enfin, le départ approche.