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"L'important n'est pas la destination, c'est le voyage" RL Stevenson


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vendredi 25 décembre 2009

Phnom Penh






Un couple d’expatriés très sympathiques rencontrés à Siem Reap nous avait prévenu « vous allez être déçu par Phnom Penh, c’est une ville sans grand intérêt et à haut risque de vol ». Sur le coup, mon enthousiasme avait été refroidi, moi qui m’imaginais voir l’ancienne ville coloniale française avec son charme mystérieux qui l’avait fait surnommé « la perle cachée de l’Asie ». Notre première impression en entrant dans la ville, est que Phnom Penh est une capitale relativement peu développée, aucun haut building, pas de gratte ciel, pas de voie rapide, pas de pont suspendu et pas de quartier d’affaires avec des businessmen en costume. Il y a bien un quartier à touristes le long du fleuve, là où sont tous les hôtels, bars et prostituées mais c’est à peu près tout. Circuler en vélo n’est pas difficile, il y a peu de voitures et aucun embouteillage. On est à l’opposé de Bangkok ou Singapour, en fait cette ville ressemble un peu à Vientiane (capitale du Laos). Nous avons passé deux jours dans cette ville et outre la pagode d’argent (pagode royale recouverte de 5000 dalles d’argent de 1 Kg chacune) et le magnifique musée national, le site qui m’a le plus marqué est sans aucun doute le lycée Tuol Sleng. Ce lycée a été utilisé par les khmers rouges comme prison et lieu de torture. Rebaptisé S21, il a accueilli plus de 17000 personnes qui ont toutes été exécutées (soit un rythme de 100 exécutions par jour). Les exécutions se faisaient au gourdin pour économiser les balles. Les lieux sont restés intacts. Dans les pièces sont encore présent le lit en fer des prisonniers, leurs ustensiles et au mur sont collés les photos des cadavres trouvés par les Vietnamiens (qui ont chassés les Khmers rouges) sur ces mêmes lits . On a vraiment l’impression que les lieux ont servi hier. Le sentiment d’horreur qui s’en dégage est accentué par la banalité des lieux (un lycée comme il y en a des centaines) et sa situation au beau milieu de la ville. D’autres pièces sont remplis des photos des prisonniers que faisaient les geôliers à l’entrée au S21 et parfois après une séance de torture. Des hommes, des femmes et des enfants sont présents sur ces photos et nous regardent.
J’ai lu plusieurs livres sur les khmers rouges pour comprendre pourquoi un peuple
a exterminé les siens et pour connaitre l’idéologie qui justifie un pareil massacre (près de deux millions de morts soit 20% de la polulation!). J’ai ainsi appris avec tristesse que les responsables khmers rouges avaient été formés par le parti communiste français. La folie khmer rouge est la dérive d’idées magnifiques sur le papier mais destructrices en réalité. Elle découle de la prise du pouvoir par des gens incompétents, incultes et inconscients. Mais surtout elle révèle les instincts de mort et la sauvagerie présents en chacun de nous. Le livre « le portail » est à ce titre très informateur car l’auteur a connu Douch (le responsable de S21) lorsqu’il était jeune et nous décrit un homme plein d’humanité et de justice avec déjà cette part sombre qui se révelera plus tard et en fera un des plus grands bourreaux du vingtième siècle.
Dans les visages de Tuol Sleng, qui n’attendent que la torture et la mort, nous pouvons y lire du desespoir, de la tristesse ou de la résignation. Je sais que ce n’est pas nous que ces yeux regardent mais le bourreau qui a pris la photo il y a 30 ans cependant cette troublante superposition renforcée par notre forme physique excellente et notre certitude de bientôt sortir de cet endroit de mort pour aller prendre une bière me laisse un goût amer.
Je repense souvent aux visages de Tuol Sleng.

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